Certaines interjections sont réservées aux femmes. C'est notamment le cas des expressions qui traduisent la douleur ou la désolation : Ya wakhdi, ya khah, etc. Cela ne veut pas dire que les hommes ne peuvent pas les employer, mais on pense qu'un homme doit maîtriser ses émotions et se dominer. Une autre interjection est également employée par les femmes : buh, pour exprimer la désolation, mais une désolation teintée de surprise, voire d'indignation : Buh ! hadak tbib ! (buh ! lui, un médecin !) ; buh â'lik wela nta khir meni ! (buh de toi si tu te crois meilleur que moi !). On évoque souvent sa mère ou son père pour exprimer la douleur, l'étonnement ou la peur : Ya yemma ! (ô maman !), Ya baba ! (ô papa !), termes auxquels on ajoute parfois des qualificatifs pour les renforcer : Ya yemma leh'biba (ô maman chérie), Ya baba laâziz (ô père bien-aimé !). Il faut citer aussi toute une foule de cris que l'on pousse pour exprimer un état de pensée ou une émotion : Ah ! (douleur ou, au contraire, soulagement) ; Ouf ! (soulagement), Chet ! (chut, silence !) Aïe ! et surtout Ah' (douleur), Aw ! (surprise, ou pour interrompre quelqu'un), Barka ! (assez !), H'bas ! (stop !), Ruh ! (vas-y, ne t'arrête pas, continue), etc. L'algérien a également emprunté au français un grand nombre d'interjections : adieu, bravo, chiche, allô? Des adverbes français sont également employés comme interjections : jamais (prononcé jami), très bien, non, et non, non ! Citons pour finir le très populaire jmanfou ! (je m'en f...) dont le sens trivial n'est plus perçu. On note même chez certaines personnes, il est vrai d'un certain âge, l?expression foutilka ! (f... le camp). Pour la petite histoire linguistique, le mot a fourni un verbe, futi (se moquer de quelqu'un, se payer sa tête). Ainsi, barka mtfuti a'âlina (arrête de te moquer de nous), haw ifuti a'âlik ! (il se paye ta tête !), etc.