Force de l?ordre Ils sont honnis, décriés et traités de tous les noms. L'image de policiers et de gendarmes, censés être à l'écoute des préoccupations de citoyens, humains et faisant convenablement leurs devoirs, est plus que jamais ternie. La peur de l'uniforme s'est installée, depuis des lustres, sous le toit des Algériens. Beaucoup sont ceux qui assimilent ces deux corps, carrément à des étrangers qui font mal à autrui, à coups de crosses et de matraques. Etat policier, hogra, laxisme, népotisme, le vocabulaire demeure aujourd'hui truffé par tout ce qui fait ressortir cette haine «primaire» du commis de l'Etat qui franchit souvent le Rubicon avec tout ce que cela suppose comme préjudice moral et physique. Quelle communication fiable à préconiser respectivement par la gendarmerie et la police pour que cette haine disparaisse à tout jamais et que les citoyens regardent ces «ennemis» d'hier comme des «amis» aujourd'hui ? Les Algériens se souviennent sans doute des scènes édulcorées entre l'inspecteur et un gendarme dans le pulpeux Les vacances de l'inspecteur Tahar ou des paisibles randonnées pédestres de Louis de Funès et ses lieutenants dans le loufoque Le gendarme de Saint-Tropez. A cette époque-là, la gendarmerie n'était pas encore engouffrée dans des scandales qui touchent son aura d'institution étatique noble et au service du citoyen. Aujourd'hui, policiers et gendarmes, auteurs de bavures, sont vites réprimandés sans que cela induise, pour autant, un regain de confiance chez des populations auxquelles il serait très difficile «d'extirper» cette haine enfouie et cultivée, il est vrai, à travers les générations. Une difficulté aggravée par l'absence de tout effort de ces deux institutions à même d'être près de la population et à son chevet. Les revues périodiques, de surcroît à diffusion interne, et les quelques secondes de spots publicitaires et faute de stratégie de communication fiable n'ont malheureusement pas trouvé un écho favorable auprès des citoyens. Que ce soit pour les hommes au costume vert ou ceux au costume bleu, la communication par l'image et tout moyen didactique propice ne pourront porter irrémédiablement leurs fruits que si les citoyens trouvent l'image identique à la réalité. C'est-à-dire avoir en face, au moment de l'infraction et de l'erreur «humaine», un comportement tout aussi humain. Sans ce préalable, le gendarme, le policier et le citoyen resteront, comme ils l'ont toujours été, les meilleurs ennemis.