Reconnaissance Une enveloppe de 64 millions d?euros devra être allouée aux anciens combattants algériens qui avaient servi la France durant les deux Grandes Guerres. «La France est consciente de ce qu?elle doit à l?Algérie.» Mme Michelle Alliot-Marie a choisi ses termes pour évoquer une nouvelle ère dans les rapports souvent tumultueux entre les deux pays. Elle a parlé aussi d?un chiffre : 64 millions d?euros. Un pactole qui vaut ce qu?il vaut surtout par son côté symbolique. 64 millions consacrés aux anciens combattants algériens qui avaient servi naguère la France métropolitaine. La ministre française de la Défense a souligné que cette enveloppe est «un signe de reconnaissance aux combattants qui ont accepté le sacrifice et qui ont pris des risques pour la libération de la France». Elle a également annoncé la réouverture d'un centre d'appareillages au profit des invalides et des handicapés de guerre. Mme Alliot-Marie qui s'est longuement entretenue, hier, samedi, à Alger avec le président Abdelaziz Bouteflika, a plaidé pour que la France et l'Algérie «tournent la page» et coopèrent désormais dans tous les domaines. «Notre histoire commune a connu des moments difficiles, des moments d'affrontements. Des cicatrices existent encore», a-t-elle reconnu. Pour autant, selon elle, «le moment est venu non pas d'oublier, car on ne doit pas oublier, mais de tourner la page, d'inscrire notre relation résolument dans l'avenir». Et c?est indéniablement dans cette optique qu?il faut inscrire l?indemnisation de plus de 250 000 anciens combattants algériens qui, au péril de leur vie, ont été dépêchés en 1914-1918 (la Grande Guerre) en Alsace et en Lorraine, les deux fronts sur lesquels une lutte implacable était menée contre les troupes allemandes, puis durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), mais aussi en Indochine pour défendre la cause française. Mais ce dossier a été souvent laissé en suspens, tout comme le tabou de la torture d?ailleurs. En 2000, lors de sa visite dans l?Hexagone, une année seulement après son élection, le président Bouteflika a cassé le «tabou» sciemment entretenu des deux côtés de la rive, en se recueillant «après un voyage au bout de la nuit», un certain 16 juin à Verdun, à la mémoire des Algériens morts pour la France et parlait, lui, de la nécessité de «tourner la page». «Il fallait déchirer le voile de l'oubli», assénait-il à l?époque. «Des Algériens sont morts au premier rang dans les batailles, mais au dernier rang dans la victoire, les Algériens ont payé lourdement l'impôt du sang», a-t-il souligné en rappelant que «l'importance de la contribution militaire des Algériens pendant la Seconde Guerre mondiale contraste éloquemment avec le bien faible écho qu'elle reçut dans les médias naguère, comme dans les manuels d'histoire aujourd'hui». Ainsi donc, ce qu?a promis Mme Alliot-Marie n?est, en fait, qu?un bond, une réplique, loin des longues années d?aveuglement pernicieux, sur fond d'injustices intolérables pour effectivement tourner la page. Mais avant que tout devienne normal, loin des reproches réciproques, beaucoup de dossiers restent en suspens?