Inflation L?actuelle intersaison n?a pas dérogé aux précédentes avec son lot de coups de folie en matière de transferts, même si le marché a l?air de se forcer pour s?ébranler. Un footballeur, par définition, a toujours des chiffres qui lui collent à la peau. Un numéro au dos, un âge, une taille, un poids, des buts marqués, des performances étudiées au détail près, des statistiques pointues, et surtout un revenu. Un sujet très tabou chez nous du fait qu?aucune information officielle ne peut vous fournir ce que touche un footballeur de l?élite comme revenu global (prime de signature + salaire + prime de match + divers). Si ailleurs, en Europe, aux Etats-Unis ou sous d?autres cieux, le voile a été levé sur les revenus des sportifs, des footballeurs en particulier, sur la base de méthodes difficilement explicables et des évaluations recoupées, en Algérie le silence est d?or ! A peine sont dévoilés les primes de match ou, ces dernières années, les salaires au niveau de certains clubs, mais pas les primes de signature qui font, depuis quelque temps déjà, le sujet favori de la presse. Chaque année, toujours à la même période, deux ou trois noms font la une des canards spécialisés. Ainsi, il y a eu les Dziri, Bourahli, Ammour, Mezouar, Badji, Fellahi, El-Hadi Adel, Abaci et tant d?autres. Et avec eux, la flambée des prix a été à chaque fois assurée. Comme dans tout transfert, il y a ceux qui proposent et ceux qui disposent. Il y a le joueur, qui offre son talent et ses services, et il y a le club acquéreur, souvent à travers son premier responsable, le président, qui met le paquet. Ainsi présenté, cela paraît simple, mais dans la réalité, les choses sont loin de l?être. Lors de l?été 2003, Mezouar avait allumé le feu en faisant monter les enchères entre le MC Alger, la JS Kabylie et le CR Belouizdad avant de filer vers les Emirats pour amasser des pétrodollars sonnants et trébuchants. Un coup de pub savamment monté pour faire monter sa cote et assurer un bon transfert. Incrédules, les dirigeants du Mouloudia y avaient même cru et promis à leurs supporters le retour de Mezouar au mercato d?hiver. Non seulement l?ex-Belouizdadi n?est pas revenu, mais il a provoqué au passage une inflation puisque plusieurs cadres de l?équipe, tels Benali, Ouahid ou Bouacida, en ont profité pour monter la barre encore plus haut et négocier un prix supérieur à celui que leur a proposé la direction du club au départ. Nous n?évoquerons pas là le cas des deux joueurs émigrés Aït Athmane et Naceri qui ont coûté au Doyen 800 millions de centimes chacun sans vraiment une contrepartie conséquente sur le plan du rendement. C?est dire l?arnaque et la surenchère qui ne profitent qu?aux joueurs et à ceux qui se sucrent au passage, mais pas au football qui demeure prisonnier du «milieu». Cette saison, c?est Daoud Bouabdallah et à un degré moindre Badji et le Camerounais du CABBA Yontcha qui font l?actualité du marché des transferts. Le Belouizdadi, en fin de carrière, réactive une méthode déjà usitée et dont il maîtrise les rudiments pour forcer la main à Lefkir qui lui doit plus de 320 bâtons comme arriérés de l?exercice précédent sans compter la prime, si prime il y a, de cette saison. En effet, Badji a joué la carte de la JS Kabylie, après celle du MCA (encore !) il y a quelques années lorsqu?il revenait de Turquie, pour mettre la pression sur le Chabab et faire grimper l?intérêt que porte pour lui Hannachi. A tous les coups, Badji est gagnant. L?attaquant oranais s?essaye, pour sa part, à ce qui se fait le mieux en léguant la gestion de ses affaires à un manager qui s?emploie à la méthode classique : négocier avec plusieurs grosses cylindrées à la fois (JSK, USMA et MCA) avant de rester à la maison. Entre-temps, sa cote, la plus élevée durant l?intersaison, a frôlé les 800 millions de centimes. International remplaçant, auteur d?une saison honorable, B. Daoud n?est pas le meilleur buteur du championnat puisqu?il pointe à la sixième place seulement avec 10 buts, loin du goleador El-Hadi Adel (17 buts). Malgré cela, il fait baver certains présidents de club qui n?hésitent pas à casser «leur» tirelire pour recruter la soi-disant star du championnat. Des clubs qui ne s?offusquent pas à liquider des sections encombrantes ou à détourner leurs subventions, à se priver de terrain pour s?entraîner ou de moyens pédagogiques ou à limiter les besoins de leurs jeunes catégories juste pour satisfaire la galerie en enrôlant les meilleurs. Mais par rapport à qui et à quoi ?