Appréciations Face à des insuffisances séculaires en matière de protection du consommateur, le gouvernement vient d?annoncer une série de décisions. Qui d?entre nous n?a pas eu entre ses mains, lors d?une transaction commerciale quelconque, un produit de mauvaise qualité et/ou ne respectant pas les normes d?hygiène requises ? Ces insuffisances du commerce (de détail et même de gros) à l?algérienne ne datent pas d?aujourd?hui. Depuis l?indépendance du pays il y a quatre décennies, les standards en la matière n?ont pas cessé de se dégrader. Question subsidiaire : à qui la faute ? A l?Etat qui, pour beaucoup, ne joue pas son rôle de régulateur, d?arbitre et de surveillant des activités commerciales ? Ou aux Algériens qui ne savent pas commercer, sont foncièrement malhonnêtes et surtout pas regardants sur la propreté ? Pour beaucoup, c?est la conjugaison de tous ces facteurs qui serait la source de toutes les dérives et déviations observées dans les magasins et les marchés. D?ailleurs, dans ces lieux, lorsqu?on s?interroge sur la question, les réponses, autant des vendeurs que des acheteurs, semblent unanimes, sinon complémentaires dans la dénonciation de la situation. Image : pour cet épicier de Belouizdad, «les premiers responsables sont les usines et les importateurs qui nous livrent des produits douteux, périmés ou très mal emballés». En revanche, pour Ali, un père de famille, la cinquantaine, «c?est l?Etat qui est responsable de cette lamentable situation du commerce et depuis très longtemps. «On se demande, ajoute-t-il, à quoi servent les contrôleurs, surtout qu?ils n?ont plus sur les bras les problèmes liés aux prix». Au niveau du ministère du Commerce, de la DCP et de la régulation, on laisse entendre que leurs services font leur possible pour assurer un minimum de qualité et d?hygiène aux citoyens. Ils n?en veulent pour preuve que la dernière communication du ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, présentée lors du dernier Conseil de gouvernement, relative à la protection du consommateur et à la modernisation de l?outil de contrôle de la qualité. Le communiqué rendu public à l?issue de ce conseil gouvernemental mentionne que ce dossier s?inscrit dans le cadre de la mise en ?uvre du programme du gouvernement et vise «la consolidation de la mission de contrôle de l?Etat dans le domaine de la protection des consommateurs qui accuse un retard dû, essentiellement, à l?état des laboratoires et à la faiblesse de la ressource humaine». Face à cet état des lieux lamentable en matière de qualité des produits vendus et au risque alimentaire résultant de la sophistication des procédés de production, de l?incorporation de nouvelles substances dans les aliments, l?on annonce la mise en place prochaine d?un comité national Codex alimentarus, d?une agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire et d?un centre de formation et de perfectionnement des agents de contrôle. Il a été décidé également «la mise à niveau des laboratoires de la répression des fraudes et la création d?un laboratoire d?essais et d?analyses pour couvrir les gammes de produits industriels et étendre l?activité d?analyse à d?autres produits tels les résidus des pesticides et des médicaments vétérinaires dans les fruits et les légumes, les viandes, les additifs alimentaires, les OGM et certains contaminants». Le renforcement des services de contrôle dans les bureaux communaux, l?amélioration de la formation de leurs effectifs de contrôle et d?analyse de laboratoires sont aussi pris en compte dans ces dispositions du gouvernement en matière de sécurité alimentaire. Il est vrai que ces dernières années, l?été algérien a souvent été un cauchemar par le nombre d?épidémies et autres intoxications alimentaires collectives induites, justement, par cette absence et ces insuffisances de prévention et de sécurité alimentaire.