Force Armstrong (US Postal) part vêtu de jaune pour le spectacle attendu ce jour sur les pentes de L?Alpe-d'Huez, escaladées pour la première fois dans le cadre d'un contre-la-montre. La confiance est de mise pour Armstrong et Basso, qui ont reconnu, à maintes reprises, la montée aux 21 virages. Tous deux comptent désormais un écart de 1 min 25 sec. Pour l'Américain, qui a revêtu à Villard-de-Lans le 61e maillot jaune de sa carrière, le danger, s'il existe, doit logiquement se présenter plutôt le lendemain dans la grande étape des Alpes. L'Alpe-d'Huez, avec ses rampes atteignant 14%, et la féerie cycliste qu'il engendre, occupe une place à nulle autre pareille dans l'histoire du Tour de France. Depuis le 4 juillet 1952, quand Fausto Coppi avait sorti le grand jeu pour venir à bout d'un Breton entêté, l'emblématique Jean Robic, L'Alpe-d'Huez est entré dans la légende. Mais, 52 ans plus tard, L'Alpe fera un nouveau clin d'?il aux annales, pour le 24e passage de la caravane, parce qu'escaladé, pour la première fois, en solitaire, contre-la-montre. Un million de personnes sont attendues (soit 100 000 de plus que l'an dernier et 300 000 de plus qu'une étape normale), massées le long des 15,5 km menant de Bourg d'Oisans à la banderole, dont 14,454 km de pure montée. Ici, (presque) chacun des vainqueurs a laissé son nom à l'un des virages, ayant le caprice de préciser son altitude. Vainqueur en 1986, Bernard Hinault ne se souvient cependant plus dans quelle courbe il a laissé son nom. Mardi Armstrong s'est imposé confortablement à Villard-de-Lans, attaqué par Jan Ullrich qui a eu au moins le mérite d'essayer. L'Allemand, décevant dans les Pyrénées, s'est réhabilité en partie dans la première des trois journées alpestres. Contrairement à ses habitudes dans le Tour, il a attaqué de loin, à 60 km de l'arrivée, dans le col de l'Echarasson qui était la difficulté principale (classée en première catégorie) du parcours de 180,5 km menant de la vallée du Rhône au plateau du Vercors. «Je voulais tester Armstrong», a expliqué ensuite le dauphin habituel de l'Américain. «Malheureusement, je suis parti seul.» Distancé irrémédiablement dans le redoutable Echarasson (trois minutes et demie sur Armstrong), le Français Thomas Voeckler a compris très vite qu'il devrait abandonner son maillot après dix journées passées en jaune. L'épatant champion de France a reculé à la huitième place du classement, en parallèle à la remontée d'Ullrich (5e, soit trois places gagnées). Mais, par sa crânerie, il a mérité sa popularité grandissante au long de son demi-Tour en jaune.