L'immigration des juifs en Israël, l?«aliyah» («montée» en hébreu), considérée par le sionisme comme un «retour» à une terre ancestrale et la meilleure réponse à l'antisémitisme, devient une arme dans la bataille démographique face aux Palestiniens. Depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, tous les chefs de gouvernement israéliens ont appelé, avec des succès divers, les juifs à s'installer dans l'Etat juif, conformément à ce credo. Mais le Premier ministre Ariel Sharon est allé plus loin en appelant dimanche les juifs de France à venir en Israël «immédiatement» et en désignant les musulmans de France comme la source d'un «antisémitisme déchaîné», suscitant par ces mots des réactions indignées. Sur 5,4 millions de juifs vivant en Israël, trois millions sont des immigrants qui s'y sont installés après la création de l'Etat. Mais si les juifs représentent environ 81% de la population de l'Etat d'Israël (6,7 millions d'habitants), ils représentent seulement un peu plus de la moitié de la population du territoire s'étendant de la Méditerranée au Jourdain englobant Israël et les territoires occupés. En Israël vivent en effet 1,2 million d'Arabes israéliens et 3,7 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Or, toutes les projections démographiques montrent que d'ici à la fin de la décennie la population juive va devenir minoritaire, compte tenu d'une bien plus forte natalité chez les Palestiniens. Aussi l'opposition travailliste en Israël estime-t-elle qu'au bout du compte l'occupation constitue une menace pour le sionisme, l'Etat d'Israël ne pouvant préserver son caractère «juif et démocratique» si les juifs sont une minorité. Ariel Sharon a longtemps rejeté cet argument, faisant miroiter la venue d'un «million d'immigrants» en dix ans. Mais la chute libre de l'immigration depuis quelques années, fait apparaître très improbable cet objectif. Seulement quelque 24 000 immigrants, dont la moitié venant de l'ex-URSS, sont arrivés en 2003.