Le mot baraka est passé dans l'argot français avec le sens de «chance» : avoir de la baraka, avoir de la chance, un coup de baraka, un coup de chance, porter la baraka, porter chance. Il y a, avec ce mot, comme une sorte de plaisanterie, voire de dérision. En Algérie, non seulement on ne plaisante pas avec la baraka, mais aussi on voit en elle une sorte de force surnaturelle qui apporte, à ceux qui bénéficient de ses effluves, la puissance, la richesse et le bonheur. Le mot provient du verbe barek (bénir) et signifie donc «bénédiction». Quand on parle de bénédiction, on évoque en premier lieu celle de Dieu qui dispense les biens et donne la richesse : Allah ibarek, dit-on, quand cette richesse se manifeste chez quelqu?un «Que Dieu bénisse ceci !». On appelle la bénédiction sur un bien matériel mais aussi sur un enfant, un succès... C'est aussi une façon d'écarter, par cette formule, le mauvais ?il. La même bénédiction divine est évoquée en guise de remerciement : barak Allah ufik ! (Que Dieu te bénisse), et ce type de remerciement vaut mieux, dit-on, que le cadeau que l'on remet en signe de reconnaissance. Dans la tradition algérienne, les saints possèdent aussi la baraka et on la recherche : ainsi la baraka de Sidi Abderrahmane, la bénédiction de Sidi Abderrahmane, le saint patron d'Alger. Si on visite souvent les mausolées des saints, c?est justement pour bénéficier de la bénédiction qui s'attache à ces lieux ! Il y a la bénédiction des parents ? barakat al waldîn ? que les enfants recherchent en obéissant à leurs géniteurs et en leur faisant du bien. Cette baraka, dit-on, leur survit après la mort et peut s'étendre sur plusieurs générations. L'inverse de la baraka, c'est la da?âwat su?, la malédiction : elle aussi suit les méchants et fait échouer leurs entreprises. Autant on recherche la baraka, autant on fuit la da'âwat su '.