Comparaison Notre accompagnateur nous donne des explications sur le phénomène des émanations sulfureuses du volcan de Aïn Témouchent. Etes-vous allé dans une serre ? Il y fait une chaleur suffocante. Le rayonnement solaire qui y pénètre provoque un échauffement du sol, lequel dégage des infrarouges. C?est vrai aussi à l?extérieur, sauf qu?à l?intérieur les infrarouges sont piégés. Ils ne savent pas traverser le verre ou le plastique transparent qui fait alors office d?isolant. A l?échelle du volcan de Aïn Témouchent, les choses sont moins idylliques. Le soufre agit exactement comme le verre des serres : il fait monter la température du volcan avec des résultats encore incertains, mais dont on craint le pire. Entre autres : perturbation du climat environnant du plateau volcanique de Aïn Témouchent et fonte exagérée des calottes leucitiques entraînant une montée du soufre au niveau du cratère, qui engloutirait des superficies importantes aujourd?hui émergées? «Il ne se passera peut-être pas grand-chose, car nous pouvons nous tromper sur l?origine des émanations sulfureuses. Mais à mon avis, ce sera plutôt inquiétant», nous confie notre accompagnateur. Selon l?hypothèse formulée par un géophysicien, les émanations de soufre, sous l?effet des frottements avec les gaz du cratère, s?émietteront, s?échaufferont à des milliers de degrés et exploseront plus ou moins violemment. Vérifier cet enchaînement sera déjà une occasion propice pour les chercheurs qui voudront savoir si les émanations sulfureuses forment des nuages, des anneaux? Car les quantités de soufre rejetées par le volcan de Aïn Témouchent prennent des proportions impressionnantes: en un siècle, de 1898 à 1994, la concentration de ces émanations a considérablement augmenté, alors que durant tout le millénaire précédent, elle n?avait crû que d?à-peine 10 Parts par million en volume (Ppmv). Pour les géologues éclairés, la simple question vaut déjà la peine. «Une armada d?instruments doit être rassemblée pour traquer les contrecoups du phénomène des émanations sulfureuses. Des engins d?observation puissants doivent être mobilisés, à l?instar de ceux du Vésuse et de l?Etna et, pourquoi pas, prendre attache avec le Pure (voir encadré).»