Odeur A peine pénètre-t-on dans la sphère du volcan des Trois-Marabouts qu?un relent âcre vous agresse les narines. On dirait un peu le parfum des pots d?échappement auquel s?ajouteraient un zeste de soufre, une lame de chlore. Pourtant, on ne voit aucune fumée, le ciel est même dégagé. «Les personnes, qui visitent pour la première fois le volcan de Aïn Témouchent, sont toujours un peu surprises. Mais nous, nous ne sentons plus rien», affirme un monsieur sans âge aux yeux légèrement rougis. En revanche, lorsque le volcan «lâche» ses émanations sulfureuses, alors, là, il faut vite rentrer à la maison, fermer les volets, planquer les gosses. Il «lâche» plusieurs fois par jour, le plus souvent la nuit. Les gens suffoquent. La mort biologique des petits potagers est, depuis quelque temps, consommée. Un climat terrible et malsain fait que la concentration des sels minéraux de ce volcan endormi depuis 18 siècles est l?équivalent de celle de son «liquide» cellulaire, en plus de l?absence d?oxygène qui représente un grand problème. Mais le volcan «en sommeil», c?est aussi un peu le monde à l?envers au sens propre. Voici en tout cas des terres fertiles alentour qui commencent à se rétrécir comme une peau de chagrin. Est-ce que tout se détraque ou quoi ? Oui, répondent les géologues et autres géographes. «D?ici aux prochaines années, la température du volcan va s?élever considérablement, le régime des pluies va se modifier : on aura des problèmes d?eau et une accentuation des émanations de soufre». Mais que faire ? «Installer au plus vite un système de mesure et d?alerte en cas de surcondensation des émanations sulfureuses, puis sensibiliser les pouvoirs publics et la population», dit ce spécialiste en géologie volcanique. «L?événement le plus dramatique du XXIe siècle en Algérie, ce seront le lent réveil du volcan de Aïn Témouchent et la disparition, comme une première étape, de l?agriculture comme activité pilote». «Nous sommes une autre humanité. Cette humanité qui n?a pas encore conscience du monde qui l?entoure. Il faut impérativement faire naître cette conscience, enseigner que le laxisme peut coûter très cher», précise, de son côté, un géologue-chercheur de l?Université d?Oran Es Sénia.