Résumé de la 4e partie Fella, «la jeune femme au visage triste» qui a aidé Omar à échapper aux paras, a aidé également un autre moudjahid. 5 juillet 1962. C'est la liesse à Alger où, tôt le matin, la population a envahi les rues pour fêter l'Indépendance. A la place du Gouvernement ? la future place des Martyrs de l'Algérie libre ? des gamins ont grimpé sur la statue du duc d'Orléans et glissé sous le bras du duc, symbole de la colonisation, le drapeau vert et blanc frappé de l'étoile et du croissant rouges. Au square Bresson, à la rue d'Isly, à la rue Michelet, les anciennes rues de la «ville européenne» redevenue entièrement algérienne, on défile, on chante, on crie, on rit. Omar est revenu deux jours plus tôt du maquis et c'est avec émotion qu'il redécouvre cette ville qu'il a connue au plus fort de la guerre. Il n'en croit pas ses yeux : à la place des paras et des policiers français, ce sont les moudjahidine et les fidaïs qui circulent, et à la place du drapeau français, c'est le drapeau algérien qui flotte. ? Vive l'Algérie indépendante ! crie une femme d'un balcon. Le cri est si fort qu'il lève la tête. Ce visage blanc, ces grands yeux noirs, il lui semble les reconnaître. ? Fella ? crie-t-il. La femme le dévisage et lance un autre cri : ? Vive l'Algérie algérienne ! Non, ce n'est pas Fella ! Ce n'est pas la jeune femme qui, un jour de 1959, il y a quatre ans, l'a caché dans un placard... Sans elle, il aurait été capturé par les paras et certainement exécuté. Il regarde autour de lui : non, ce n'est pas le quartier où habitait la jeune femme ! Et s'il se rendait dans ce quartier ? C'est un peu loin d'ici mais, en prenant le trolley, il peut y arriver dans une demi-heure. Il interpelle un jeune garçon : ? Fiston, c'est où l'arrêt de trolley pour tel quartier ? Le gamin sourit : ? Les rues sont envahies de monde, je ne pense pas que les trolleys circulent ! L'enfant le regarde avec curiosité : ? Pourquoi voulez-vous prendre le trolley ? ? Pour me rendre à un rendez-vous ! Euh? un rendez-vous d'affaires, bien sûr ! ? Tous les rendez-vous d'affaires sont annulés ! Vous ne savez donc pas qu'on fête aujourd'hui l'indépendance ? Omar sourit et dit avec ironie : ? Ah bon ? Mais le gamin est déjà parti. Omar se gratte la tête. Ira-t-il à pied jusqu?au quartier de Fella ? Il se rappelle avec émotion ses paroles : «Va, va, que Dieu t'assure la victoire, à toi et à tous ceux qui luttent pour notre liberté !» Aujourd'hui que cette liberté est enfin conquise, il voudrait fêter avec elle la victoire ! Il voudrait la serrer contre lui et lui dire : «Cette liberté, cette indépendance, chère Fella, je te les offre !» ? Omar, on te cherche ! C'est un de ses compagnons qui l'appelle. Il doit rejoindre le quartier général... (à suivre...)