Périple Le président de la République sillonne l?Algérie de long en large pour avoir le satisfecit populaire. A une question d?un journaliste français du Figaro Magazine, l?exhortant à se prononcer sur sa candidature pour le rendez-vous crucial de 2004, le président de la République a répondu : «Vous le saurez en temps voulu.» Dans un pays où le microcosme politique, toutes tendances confondues, se jette interminablement des ballons-sondes, cela peut aisément signifier que Abdelaziz Bouteflika n?a que quelques «problèmes techniques» à régler pour pouvoir rempiler à l?heure où QG de partis politiques, organisations nationales et mouvements associatifs mettent les dernières retouches en prévision de l?importante échéance qui, faut-il le rappeler, demeure un virage décisif pour leur propre «recyclage» dans un paysage en perpétuel changement. Faisant de la relance économique son credo, le locataire d?El-Mouradia sait qu?il lui faut d?abord deux atouts : le soutien de l?armée et celui du peuple. Pour le premier cas, Bouteflika n?a d?ailleurs pas cessé, à maintes reprises, de signaler la bonne entente entre l?institution militaire et la présidence même lorsque le général Lamari a déclaré en début d?été que l?armée n?est pas contre l?avènement d?un président islamiste au pouvoir à la seule condition que ce dernier respecte le jeu démocratique. «Je n?ai aucun problème avec les militaires», a martelé Bouteflika. Le candidat du «consensus» a ensuite repris son bâton de pèlerin pour sillonner l?Algérie de long en large louant, avec ses vertus reconnues de tribun, sa concorde civile, sa vision d?une «Algérie prospère» tout en faisant preuve, là où il atterrit dans l?Algérie profonde, d?une générosité à toute épreuve. De Annaba à Aïn Defla en passant par Khenchela, Mascara et Saïda, des milliards puisés sur le fonds du contribuable sont offerts aux localités et cette stratégie prend tout de suite les relents d?une campagne électorale déguisée, même si ce «geste» n?a pas empêché des citoyens, vivant un terrible marasme, à se prendre, eux-mêmes, en charge en lui offrant, au lieu de roses, insultes et vociférations comme ce fut le cas lors de sa sortie sur le terrain à Boumerdès au lendemain du terrible séisme du 21 mai 2003. Sur le plan externe, Bouteflika trouve les mots apaisants, quand l?occasion se présente à lui, pour persuader les investisseurs étrangers à venir en Algérie, ce marché vierge à très grandes potentialités. Mais il est clair que les investisseurs ne se sont pas bousculés au portillon. L?UE et les Etats-Unis, deux partenaires stratégiques de notre pays, restent très perplexes et demandent des garanties fiables pour mettre, pragmatisme oblige, la main à la poche. Des garanties que le président n?est aujourd?hui pas en mesure d?honorer. - L?échiquier politique national, toutes tendances confondues, s?agite. Le FLN, toujours en proie au bicéphalisme pro et anti-Benflis, le RND, plus que jamais mûr, et le MSP incapable, pour l?heure, de trouver un substitut au charisme du défunt Nahnah, sont les trois grosses cylindrées du microcosme qui ont rappelé leurs cadres respectifs pour préparer convenablement la rentrée sociale. Un come-back à mettre, incontestablement, sous le signe de l?incertitude, notamment avec la tenue de la bipartite gouvernement-Ugta et le traitement des dossiers en suspens. Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi semblent, pour leur part, bien partis pour réinvestir le terrain en prévision de l?échéance électorale et auraient même eu, selon des indiscrétions, le quitus de la «Grande muette». Entre-temps, Abdelaziz Bouteflika a déjà entamé sa campagne électorale «en grande pompe» en sillonnant l?Algérie d?en bas, en quête d?un satisfecit et surtout avec l?objectif de tâter le pouls d?un électorat en proie à la misère quotidienne.