Entre visite d'inspection et précampagne électorale, le président de la République a usé d'un langage proche du peuple lors de ses récents déplacements à l'intérieur du pays. Depuis l'annonce de sa candidature à la présidentielle d'avril prochain, les sorties du président Bouteflika (Blida et Oran en en attendant d'autres) coïncident avec des dates nationales importantes. Journée du chahid, nationalisation des hydrocarbures et UGTA, probablement celle des paysans pour son déplacement à Biskra. Mais s'il n'a pas dérogé à la règle circonstancielle pour son discours de Blida, à Oran son allocution, le ton et le langage ont changé et évolué pour se rapprocher davantage de la base, du “petit peuple” en adoptant son langage. D'ailleurs, on a remarqué le retour de l'arabe dialectal et du français à chaque fois qu'il est sorti de son texte écrit. Ce qu'il n'a pas d'ailleurs manqué de faire pour improviser à plusieurs reprises. Aussi a-t-il été direct en s'adressant clairement non pas au-devant de l'assistance, mais au reste de la salle, rappelant ainsi certaines de ses interventions en 1999 où il interpellait directement des personnes dans l'auditoire. Il est vrai que Bouteflika n'est pas paru dans une telle stature depuis bien longtemps, se contentant souvent à des occasions officielles d'allocutions strictes. Ce procédé qui se veut au niveau de la population implique alors le contenu d'un discours rassurant qui aborde les préoccupations des citoyens. Les promesses n'ont pas aussi manqué, accentuées par des prévisions d'investissement colossal pour le quinquennat prochain. Ceci dit, ses prochaines sorties pourraient voir le Président développer un discours volontairement décliné en langage populaire pour atteindre de larges pans de la société. D'autant plus qu'il est appelé à sillonner le pays dans le cadre de la campagne électorale pour tenter non seulement de convaincre les électeurs de le choisir, mais les amener surtout à se prononcer le 9 avril. Son discours d'Oran a été une surprise. Non seulement, il constitue une rupture avec le silence parfois énigmatique de Bouteflika et aussi avec le discours trop cadré où il se limite à la lecture de son texte, laissant le décryptage aux interprétations et lectures d'analystes et de spécialistes. Dans le cas présent, il a opté pour un changement radical en optant pour “la formule” souple et accessible à tout le monde, ponctuée d'anecdotes, d'humour et chaque fois interpellant quelqu'un dans l'assistance, créant ainsi une ambiance détendue et indéniablement une proximité entre lui et l'auditoire. Discours commun à toutes les campagnes électorales où seules les méthodes d'approche distinguent les candidats. Est-on alors pour ainsi dire dans cette configuration ? Rien n'est moins sûr. Surtout que Bouteflika est parfois surprenant et imprévisible. Djilali B.