Résumé de la 3e partie Le père et le fils Rodriguez sont arrêtés et conduits au poste. Le policier propose au père que son fils se rende à sa place. Le père fronce les sourcils et observe l'homme pendant quelques secondes. «Vous m'avez compris ? demande le policier. ? Vous voulez arrêter mon fils à ma place ? C'est ça ? ? Bah ! Oui, pourquoi pas ? Lui ne risque pas grand-chose, tandis que vous?» Le père voudrait réfléchir, mais le policier ne lui en laisse pas le temps. «Croyez-moi, c'est un coup de chance inespéré ! On ne peut pas laisser passer une occasion pareille... Je garde votre fils, vous, vous remontez dans le Pullman et vous descendez avant la frontière. Tout le monde vous connaît là-bas, vous vous débrouillerez facilement... Seulement, il faut faire vite !» Le policier se lève comme si c'était une affaire réglée. «Attendez, attendez, dit le père. ? Attendre quoi ? dit le policier. Il n'y a rien attendre ! C'est ce qu'il faut faire... C'est ce que je dois faire. Pour les gens d'ici, vous êtes le seul espoir... Vous êtes beaucoup plus utile vivant que mort, non ? Allons, venez !.» Serrés les uns contre les autres, les trente-cinq voyageurs du Pullman mangent leurs haricots rouges, jetant parfois un regard sur les policiers qui gardent chaque entrée. Les policiers ne sont pas à l'aise. Ils ont conscience de faire un sale boulot. Ils accueillent, avec un haussement d'épaules résigné, les sarcasmes dont les voyageurs les gratifient. Le père s'est assis sur un banc, dans un coin de la pièce. Il regarde son fils... «Vous ne venez pas manger, monsieur Rodriguez ? demande le vieux steward. ? Non, non, je n'ai pas faim... ? Ça s'arrange ? ? Oui... peut-être.» A ce moment, son fils lui sourit. Alberto père n?a pas envie de sourire. Pour la première fois, il a envie de regarder son fils gravement. «Allons, allons, se dit-il, il faut que je lui sourie.» Mais pour la première fois, voilà que son fils est devenu un fait grave. C'est bien la première fois qu'il s'interroge devant lui à propos de lui. Il ne faut pas le lui laisser voir... Il croit sans doute que tout est en ordre dans la tête de son père, à son sujet. Son père est un grand homme et lui n'est rien... C'est ainsi qu'il a été élevé. Il faut aider son père. Son père avant tout. Tout pour ce père dont chaque geste compte et rien pour ce fils inutile. Le policier transpirant de plus en plus d'énervement, passe la tête par la porte. «Monsieur Rodriguez... Non, pas vous... le fils !» Les visages des trente-cinq voyageurs se sont tournés vers le fils. C'est bien la première fois ! Le fils, toujours fébrile, laisse retomber sa cuillère dans son assiette et se lève précipitamment. «Attends que je t?explique», dit le père. Il y a un long silence dans la salle commune. «Voilà : ils veulent t'arrêter à ma place... Ils disent que tu ne risques rien. Nous portons le même nom, tu comprends ? Alors on croira que c'est une erreur.» Le silence s'est fait plus pesant autour d'eux. «Tu penses qu'il faut le faire, papa ? ? Je ne sais pas... Ça ne me plaît pas. ? Mais pourquoi, papa, tu ne crois pas que c'est une bonne idée ?» Et tous les voyageurs de surenchérir : «Mais si, c'est une bonne idée ! Une très bonne idée ! Il faut le faire ! Il n'y a pas à hésiter !» Le fils, pendant un instant, paraît presque heureux. «Tu vois, papa !...» Et il le regarde de ses yeux clairs, attendant un ordre. Jamais au grand jamais, même pour accomplir cet acte dont il serait fier toute la vie, il n'agirait sans un ordre. «C'est bon... vas-y !» (à suivre...)