Ambiance La grande salle est surchauffée. C?est là que les boulangers d?El-Amel préparent le pain quotidiennement. Vêtus de leur courte blouse blanche, tachées de pâte et de graisse, les quatre travailleurs sont là depuis hier soir. Trempés de sueur, leur visage juvénile est rougi par la chaleur. Même si la préparation semble facile, elle exige beaucoup de temps et d?énergie. Les «coéquipiers» s?entendent bien, souvent ils se racontent des blagues et se lancent des quolibets pour ne pas s?ennuyer. Une ambiance bon enfant règne sur les lieux. Le pétrisseur, Mohamed, 40 ans, le plus vieux de la bande, commence par mettre 100 kg de farine dans le pétrin, une sorte de grande bassine dans laquelle il prépare la pâte du pain ordinaire. Il ajoute du sel et de l?eau. Il malaxe avec ses mains quelques minutes ensuite il met la pâte sur la balance pour la diviser en parties de sept kilos. Le jeune façonneur, Billal, âgé d?une vingtaine d?années, prend les morceaux de pâte entre ses bras pour les mettre dans la diviseuse, une machine manuelle qui coupe minutieusement la pâte en 24 petites boules. Il sourit. «C?est comme un bébé que je porte.» Ces boules seront, par la suite, jetées dans la façonneuse pour être transformées en baguettes de pain. Réda, l?autre man?uvre, les placera ensuite sur des plateaux dans des chariots adéquats pour les laisser baver dans la chambre chaude pendant 20 autres minutes, en attendant la cuisson. Chaque étape de préparation demande au moins 20 minutes de travail. Une chaleur insupportable se dégage des deux grands fours au coin de la pièce. «Tout est question d?habitude. La chaleur nous fait suer certes, mais elle ne nous décourage pas. La préparation du pain est fatigante et exige beaucoup de concentration. Pour réussir un bon pain, il faut l?aimer», confie Kamel. Les travailleurs expliquent qu?une seule opération complète de préparation de pain, avec 100 kg de farine, donne 1 800 baguettes de pain et prend jusqu?à 3 h 30 min. Prix fluctuants - Un quintal de farine n?est pas vendu par les minotiers à un prix unique même si les tarifs sont fixés par l?Etat. Ainsi, il est cédé à 2 600 DA à Alger et à Tamanrasset et à 2 300 à Béchar, alors que le kilogramme de levure est payé à 295 DA. - Le prix du blé est passé de 130 à 220 $ fin 2004. L?Algérie importe 60% de blé tendre, l?Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) n?assure que la couverture de 50% des besoins du marché.