Intéressement Ils viennent de différents horizons. Des cadres, des étudiants, des ménagères, des retraités, etc. Ils contemplent les étals avant de s?approcher. H?med, 50 ans, est chargé de superviser l?ensemble des bouquinistes qui activent sur les lieux et dont le nombre s?élève à vingt. Il illustre le parfait bouquiniste dont la culture ne se limite pas uniquement à l?annonce des titres et au marchandage. Ses livres, il les connaît par c?ur et sous toutes les coutures. «C?est un métier noble qu?il faut encourager. L?APC de Alger-Centre nous a octroyé cet espace pour que nous puissions exposer nos livres. C?est une initiative louable que nous souhaitons voir s?étendre à d?autres communes.» Son objectif principal, c?est d?amener les gens à s?intéresser de nouveau à la lecture. C?est aussi un bon moyen d?absorber le chômage. Cependant cela doit se faire, argue-t-il, d?une manière sélective et organisée. Pour cause de festival, les bouquinistes ont été déplacés à proximité de la Fac centrale. C?est un endroit propice pour accueillir les férus de lecture. Ils viennent de différents horizons. Des cadres, des étudiants, des ménagères, des retraités, etc. Ils contemplent les étals avant de s?approcher. Ils savent qu?ici, les prix sont abordables. Un client, la quarantaine bien entamée, prend un vieux livre de grammaire, il le feuillette et demande le prix. «100 DA !», rétorque le vendeur. Il fait mine d?être gêné par le prix et ose lui demander de le lui céder à un prix moins cher. Le vendeur acquiesce et lui fait un rabais. Quelques dinars de moins font la différence. Le client repart avec l?impression d?avoir fait une bonne transaction. Un autre client est un fidèle des lieux. Son plaisir est plus celui de regarder les livres que de les acheter. «Je viens ici, dit-il, par nostalgie, pour m?imprégner des souvenirs d?antan. Si je trouve un livre intéressant je l?achète, sinon le plaisir des yeux est acquis.» M. Boualem, 58 ans, est fonctionnaire «Je viens ici pour les prix,dit-il, mais surtout pour les vieux livres qu?on ne trouve pas dans les librairies. Je me rends ici, une fois par semaine histoire de voir s?il y a un nouvel arrivage.» Saliha est étudiante en terminale, elle cherche des bouquins qui traitent de la philosophie grecque. «Il n?existe pas grand-chose qui traite de cette matière, nous dit-elle désolée. Je vais faire d?autres endroits : peut-être que j?arriverai à mettre la main sur un livre de Socrate.» H?med conseille ses clients. Il a en tête presque tous les titres et dans différentes disciplines. Selon lui, les femmes lisent plus que les hommes. Il lui est même arrivé de constater que des jeunes femmes demandent les livres de Nietzsche, de Hegel, de Karl Marx et que des dames mûres soient à la recherche de livres à l?eau de rose tels les «Harlequins». En ce qui concerne les auteurs fortement demandés, il affirme que côté algérien, Tahar Djaout, Mouloud Feraoun et Rachid Boudjedra prennent la tête. Quant à la littérature universelle, Amine Maalouf devance de loin tous les autres écrivains. Les classiques aussi se taillent la part du lion, notamment Voltaire, Diderot, Lamartine et Simone de Beauvoir. H?med, conscient du mal qu?un livre peut engendrer, déclare, en son âme et conscience, qu?«aucun livre subversif ne fera partie de sa collection».