Un certain 7 août 1921, est né un joli poupon prénommé : Mouloudia. L?idée a, dans un premier temps, germé dans l?esprit d?un adolescent qui, se trouvait, un jour, au niveau de la Place du Gouvernement (l?actuelle Place des Martyrs,) et qui a vu des soldats français se marrer en voyant des petits garçons algériens jouer une partie de football dans la rue avec comme ballon de fortune, une petite pelote. Ces soldats disaient ironiquement : «Voici leur Parc des Princes». Cette phrase a énormément travaillé l?esprit du père fondateur du Doyen, feu Abderrahmane Aouf dit Baba Hamoud. Depuis cet instant, Baba Hamoud n?a cessé de penser à la manière avec laquelle il devra procéder à la création d?un club qui représentera la communauté indigène. C?est à la suite de cela, un certain 7 août 1921, qu?a été créé officiellement un club musulman sous le sigle MCA : Mouloudia Chaâbia Alger. Les dirigeants du Mouloudia se sont inspirés de la fête religieuse du mawlid Ennabaoui pour donner une appellation à ce nouveau club dont la vocation était beaucoup plus patriotique que sportive. Ils ont attendu jusqu?au 31 août pour recevoir l?agrément officiel des autorités françaises au niveau de la préfecture d?Alger. Pour convaincre les autorités françaises et masquer le caractère nationaliste de cette nouvelle formation, Aberrahmane Aouf a dû user de tout son savoir-faire pour les persuader que la création de ce club est purement sportive, surtout concernant les couleurs choisies. Dans ce contexte, Aouf, en fin diplomate, a réussi à détourner l?attention des autorités françaises en arguant que le vert et le rouge symbolisaient respectivement le paradis et l?enfer et que les joueurs, une fois sur le terrain, se disputent une place au paradis. Les débuts de cette nouvelle équipe furent très difficiles, et Abderrahmane Aouf a dû vendre des biens immobiliers pour subvenir aux besoins de l?équipe. D?ailleurs, même les supporters lui sont venus en aide. On leur a confié la tâche de tracer le terrain, le jour des compétitions. Les matches du Mouloudia suscitaient un engouement populaire sans précédent dans la mesure où, à chaque rencontre, le stade faisait le plein. Cette situation a renforcé davantage l?esprit patriotique des Algériens, lesquels trouvaient dans les matches du MCA un moyen de manifestation politique pour crier leur ras-le-bol. Aussi, les rencontres face à l?ASSE, au Galia et à l?OHD étaient placées sous le signe de «l?Arabe contre le colon». Les anciens racontent que plusieurs personnalités politiques de cette période se sont affiliées à cette association sportive pour masquer leur caractère politique. D?ailleurs, le club compte en son sein plusieurs joueurs qui ont rejoint le maquis tels Merzak Ouargli, Hamadi, Abderrazak Hahad (guillotiné à Serkadji), ainsi que plusieurs autres déportés à l?image de Rachid Aftouche, Omar Hahad (frère de Abderrazak). En mars 1956, eu égard aux incidents survenus lors du fameux match MCA-ASSE et de leur ampleur, les responsables du Mouloudia ont décidé d?arrêter la compétition. La colère des Algériens avaient atteint son paroxysme au point que l?affrontement était inévitable surtout après le déploiement d?un impressionnant renfort de CRS au moment où le pays connaissait un embrasement dû à la Guerre de Libération déclenchée deux années auparavant.