Résumé de la 3e partie Le docteur Richard d?Ambrosio a passé avec Laura deux ans de soins qui n?ont pas effacé les horribles cicatrices. Inlassablement, Richard décrit la vie d?un foyer, père, mère et enfant. Et un jour, alors qu?il ne s?y attend plus, Laura bouge ! Laura se traîne près de lui, Laura tend sa petite main, la plonge à l?intérieur de la maison et d?un geste renverse les meubles ! Richard en crierait de joie. Il remet les meubles en place, rassoit les personnages, et Laura recommence. Elle met les poupées par terre et renverse les meubles. Richard est presque sûr d?avoir trouvé. Le voilà le souvenir, l?unique souvenir conscient de Laura. La scène qui a précédé son martyre. Elle a vu des meubles renversés, des gens qui se battaient et qui criaient? Alors, il hésite. Peut-il aller plus loin ? En a-t-il le droit ? C?était son idée depuis le début en jouant avec Laura à la maison de poupée, mais à présent il hésite? Reconstituer la scène ? C?est peut-être dangereux pour le cerveau fragile de Laura. D?un autre côté, où est l?espoir ? Alors lentement, il se décide. L?estomac noué, la gorge serrée. Il installe un personnage dans la maison de poupée, un petit poupon. C?est Laura, et il entame son théâtre tragique. Il joue tous les rôles. Le père et la mère se disputent, ils crient très fort des injures, ils tapent sur la table et renversent les chaises. Soudain le père crie : «Cette enfant crie trop fort, je vais la battre», et il prend le poupon et le bat, en criant de plus en plus fort. Cette fois, Laura s?agite, un son curieux, rauque et furieux sort de sa gorge, elle se précipite sur les jouets représentant ses parents et se met à frapper, à frapper, à frapper ! Puis, dans un effort surhumain, elle crie : «N? Non !»? C?est le premier mot qu?elle prononce depuis l?âge de dix-huit mois. Il fallut encore des mois et des années d?efforts pour lui apprendre à parler. Richard d?Ambrosio s?occupa de tout. Il réussit même à la faire opérer gratuitement par un chirurgien de ses amis. A quatorze ans, Laura ne portait plus de cicatrices visibles. Elle n?était plus une enfant martyre. A quinze ans, elle avait compris qu?on pouvait l?aimer, et qu?elle pouvait aimer les autres. A seize ans, elle revit son père qui voulait la «connaître». Il faillit tout gâcher, et Laura essuya une grave dépression nerveuse, qui vit sa raison au bord du gouffre à nouveau. Mais lorsque sa mère, à son tour, voulut lui rendre visite, elle la jeta dehors. Et à vingt ans, Laura entreprit des études d?infirmière puéricultrice. Elle voulait soigner les nouveau-nés. C?est ce qu?elle fait depuis des années dans une clinique new-yorkaise. Les bébés la rassurent. Et selon le docteur Richard d?Ambrosio, il n?y a pas de meilleure thérapeutique contre l?angoisse que le sourire d?un bébé.