Tension Le front social risque d?exploser et ce, avant même la rentrée sociale de septembre. Le constat est, selon des cadres syndicaux, alarmant : le secteur industriel public n?en peut plus. La fermeture de plusieurs entreprises est imminente et ainsi des milliers de travailleurs seront contraints au chômage. En effet, les syndicalistes tirent la sonnette d?alarme quant à la menace de fermeture qui guette une dizaine d?entreprises publiques. Le spectre de la privatisation est plus que jamais appréhendé. Pour nos interlocuteurs, après les événements qu?a vécus la région où la machine économique a pratiquement tourné au ralenti, ce danger aggravera certainement la situation du secteur déjà en crise et attisera la tension qui couve. Cette situation s?est exacerbée surtout après le refus des partenaires financiers d?accorder d?autres échéances pour assurer les masses salariales en matières premières. Selon M. Chabi de l?union de wilaya de l?Ugta, sauver le «reste» du tissu industriel public est devenu la première mission du syndicat. «Car défendre le travailleur c?est d?abord défendre son poste et son entreprise», explique-t-il en citant la longue liste de sociétés agonisantes, fragilisées, par de nombreux problèmes de fonctionnement et de payement et d?autres susceptibles de mettre carrément la clé sous la paillasson,telles que l?Icotal, la Co-GB, l?Alcofased, l?Ecotral d?El-Kseur, l?Icibat Tichy, l?Est Béjaïa, la Sentex, l?Emac et l?Erriad de Kherrata? Ces sociétés étatiques activant essentiellement dans les filières du textiles et de l?agroalimentaire sont confrontées à de multiples problèmes d?ordre financier ou de marché. D?ailleurs, fort endettées, plusieurs n?arrivent pas à assurer le payement des salariés et ont des difficultés à s?acquitter même des frais de l?assurance sociale. Pour d?autres, les machines sont à l?arrêt, les ouvriers en congé forcé ou en chômage technique. Les travailleurs de la Co-GB des corps gras sont, depuis le mois de mai, en chômage technique et la production est à l?arrêt après l?interruption de l?approvisionnement en matières premières. C?est ainsi que l?avenir des deux unités de production est incertain et plus de 800 agents sont désormais dans la tourmente. Faute de consistants cahiers des charges et de nouveaux marchés, toutes les unités de textile ne tournent, actuellement, que de façon symbolique et les machines s?arrêteront inévitablement si la situation ne s?améliore pas rapidement. Pour atténuer la situation précaire qui prévaut surtout dans le secteur des textiles, les syndicalistes essaient d?intervenir auprès de quelques organismes et sociétés afin de prolonger l?activité de ces usines. On cite le cas du Jute qui, après une dure période, a pu enfin contracter un important marché avec l?Oaic et celui de Mac Soum et son contrat avec la garde communale. Toutefois on regrette la non-retenue de l?offre de l?Emac de Kherrata faite à la Commission nationale des ?uvres sociales de l?éducation, ce qui a fait dire à M. Chabi : «Comment prétendre défendre le secteur public qu?on accorde les marchés aux privés ?» Diverses solutions ont été proposées pour éviter l?irréparable. La reprise des entreprises menacées par ses travailleurs pour en faire des SPA de salariés est l?une des plus envisagées. Mais apparemment, ces tentatives butent toujours sur des obstacles juridiques et financiers et ce vu la complexité de la nature juridique du patrimoine et du poids du passif financier.