Ignorance La préférence des arents pour le sexe du bébé a causé, durant des générations, de véritables crises. Des femmes ont été répudiées pour avoir mis au monde une fille au lieu d?un garçon qui aurait pu porter le nom de la famille et la perpétuer. La venue d?un bébé équivalait ainsi, parfois, à un véritable cauchemar. Aujourd?hui, même si de telles mentalités persistent, la naissance d?un bébé est en tout cas mieux accueillie par la famille qu?il y a quelques années et cela quel que soit son sexe. Fatima, 75 ans, garde un mauvais souvenir de ce passé récent où sa belle-famille appréhendait la naissance d?une fille. «Mes beaux-parents ne voulaient rien savoir et me reprochaient de n?avoir que des filles alors que la science a prouvé aujourd?hui que c?est le mari qui en est responsable», raconte-t-elle. Grand-mère d?une trentaine de petits-enfants, Fatima, qui se dit soulagée de voir les générations d?aujourd?hui se débarrasser de ces mentalités, ne cache pas son penchant pour les filles. «Je trouve que les femmes ont démontré, mieux que personne, de quoi elles sont capables puisqu?elles ont réussi à se débarrasser de ce poids que les générations anciennes avaient longtemps porté», explique-t-elle. «Le niveau d?instruction, les conditions socioéconomiques et le mode de vie de la femme la protègent aujourd?hui d?une quelconque culpabilisation ou responsabilisation pour n?avoir pas eu de garçon. Au contraire, elle et son mari sont les seules personnes, aujourd?hui, à apprécier le sexe du bébé», dit-elle visiblement satisfaite. Rahima, 70 ans, se rappellera, quant à elle, toujours cette pression et cette persécution qu?elle a subies de la part de ses beaux-parents et de son mari qui exigeaient d?elle qu?elle continue à enfanter jusqu?à ce qu?elle mette au monde un petit garçon. «Pour eux, il était normal de décider combien je devais porter d?enfants. Ils m?ont obligée à mettre au monde sept filles et trois garçons», se souvient-elle amèrement. Même si Rahima n?est jamais allée à l?école, elle s?est vite rendu compte que «c?est en poussant mes filles à persévérer dans les études qu?elles arriveront à se débarrasser de toutes ces vieilles mentalités qui font de nous, les femmes, des machines à enfanter». A 82 ans, Hamid est un grand-père comblé. «J?ai une quarantaine de petits-enfants et des arrière-petits-enfants qui sont tous en bonne santé». Car c?est, en fait, la santé qui importe le plus à ce grand-père et non pas le sexe des enfants. «Une fille ou un garçon, peu importe. L?essentiel c?est qu?il soit en forme et heureux», dit-il. Et d?ajouter : «Ceux qui veulent à tout prix des garçons oublient que celle qui donne la vie est une femme».