Statu quo Notre université ne va pas bien. C?est un fait connu, dit et répété. Les déclarations de M. Harraoubia, au forum de l?Entv hier, viennent le rappeler à la communauté universitaire. Celle-ci est lasse de se débattre dans de vrais et faux problèmes qui la minent et l?éloignent de sa vocation première : apprendre et faire de la recherche pour éclairer et entraîner la société vers le progrès et la lumière. Les déclarations du ministre de l?Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui soit dit en passant ne fait qu?hériter d?une situation, sont loin d?apporter le vent du changement attendu. D?abord, concernant la prise en charge pédagogique des 200 000 nouveaux bacheliers, le ministre s?est, d?emblée, montré rassurant écartant tout risque de déficit. Il annonce dans la foulée que son secteur a bénéficié, grâce à la relance économique, de 50 000 places pédagogiques et de 25 000 lits en plus des 27 000 places pédagogiques et 13 000 lits prévus par le programme complémentaire «décidé par Bouteflika». Cela n?empêchera pas le recours aux logements sociaux pour héberger les étudiants, les lits prévus s?avérant insuffisants. C?est «une mesure exceptionnelle», a dit le ministre «puisque toutes les autres voies ont été épuisées». Cette mesure pourrait durer une année ou deux, mais sans vouloir être trop négativiste, il y a lieu de relever que les situations exceptionnelles ont, en général, la vie longue chez nous. Outre le sentiment d?instabilité que «cette exception» pourrait créer chez les étudiants, cette mesure va sans doute pénaliser des demandeurs de ces précieux logements dans les wilayas concernées, dont certains attendent depuis des années. Evidemment, il fallait parer au plus pressé, mais c?est justement là le hic : cette habitude d?agir et de décider dans l?urgence même dans des secteurs aussi sensibles. L?invité du forum a annoncé des lendemains meilleurs pour les étudiants dès la rentrée 2005, mais en attendant, ils doivent continuer à se contenter de la maigre bourse de près de 3 000 DA. «Il n?y aura pas d?augmentation de la bourse», a déclaré le ministre qui argumente par le fait que «le tarif de la chambre est de 400 DA l?année et le repas à 1,20 DA». Pourtant, le ministre ne doit pas ignorer la qualité des fameux repas qui a souvent été à l?origine de mouvements de colère des étudiants dans les cités universitaires. Par ailleurs, un point reste à élucider à propos du montant de la bourse : qu?en sera-t-il des étudiants qui seront «provisoirement» hébergés dans des logements sociaux sachant que dans certaines wilayas, il n?existe pas de restaurants universitaires hors des campus ? M. Harraoubia a abordé d?autres aspects dont l?appel à des enseignants étrangers, la violence à l?université contre laquelle des mesures seront prises et les bourses à l?étranger qui seront supprimées sauf pour les étudiants en postgraduation et les enseignants qui rentrent au bercail «contrairement aux autres dont 1% seulement reviennent au pays après la fin de leurs études». Enfin, il y a lieu de souligner que dans le cadre de la nouvelle restructuration, le cursus universitaire va être ramené de 4 à 3 ans.