Alger Tout au long du procès, Moussa 30 ans, gesticule, s?emporte, se défend puis éclate en sanglots : «Il fallait que je l?assassine», ne cesse-t-il de répéter. Dans cette ville où tout le monde se connaît ; les rumeurs vont bon train?La dernière en date a pour victime une jolie femme, Faïza, 28 ans, secrétaire dans un cabinet médical, mariée et mère d?un enfant de trois ans. La rumeur dit que depuis quelques mois Faïza entretient une relation extraconjugale avec son patron et que son époux, le «malheureux» Moussa est tellement naïf qu?il ne se doute de rien. Aussi, par une belle journée de mai 2002, quelques habitants du populeux quartier où réside le jeune couple vont trouver Moussa au café du coin. C?est alors qu?une discussion s?engage : ? Bonjour, beau gosse, on peut se joindre à toi ? ? Bien sûr, prenez place? ? En fait, mon fils, nous avons à te parler ? Ah ! Mais à quel propos ? Rabah, Farid, Zouhir et Abdelkader se jettent des regards furtifs : qui va annoncer la nouvelle ? Qui va avouer à Moussa que son épouse n?est pas digne de lui ? Enfin, Rabah, le plus âgé du groupe, se lance : ? Ecoute, mon fils, crois bien que ce que nous avons à te dire nous attriste car tu es un homme digne, honnête et bien naïf ? Naïf ? ? Oui, Moussa, je vais être clair. Ton épouse te trompe ouvertement. Tout le monde le sait sauf toi. Je suis désolé de t?annoncer cela ... Alors qu?ils s?attendaient au pire, voilà que la réaction de Moussa les déconcerte... Il part d?un grand éclat de rire ? Je n?ai jamais entendu pareille idiotie ! ? C?est pourtant sérieux, mon fils. Tu es la risée du quartier et le plus terrible dans cette histoire, c?est que tu prennes les choses avec autant de légèreté ? Levez-vous de ma table et allez vous-en ! ? Parfait ! Mais au moins, nous avons la conscience tranquille ! Moussa oublie vite cette discussion. «Les gens sont si mauvais que le bonheur des autres les dérange?» «Faïza est incapable de trahison !» se dit-il en rentrant chez lui. Faïza n?est pas encore là, et il est pourtant dix-neuf heures. Nazim est encore chez la nourrice qui habite dans le même immeuble que le jeune couple, à l?étage au-dessous.. Moussa le récupère, et tous deux, confortablement installés, attendent patiemment le retour de la jeune femme qui, depuis une année, rentrait de plus en plus tard, prétextant un surplus de travail au cabinet? ? Enfin ! ? J?ai encore été retenue au cabinet médical? ? Mais quand même ! Ton patron sait pertinemment que tu as des responsabilités familiales ! ? Que se passe-t-il Moussa ? Pourquoi t?emportes-tu. Ce n?est pas la première fois que je fais des heures supplémentaires ! ? Il se passe que j?en ai marre de devoir récupérer Nazim, préparer le dîner, faire les courses pendant que Madame fait des heures supplémentaires toute la semaine ! Moussa, installé face à la télé, ne regarde pas, quelques heures plus tard, les images qui défilent devant lui?Il réfléchit, et si la rumeur disait vrai ? Et si Rabah et les autres avaient raison ? Et si Faïza avait réellement une relation extraconjugale ? Soudain il regrette de ne pas avoir demandé plus de détails à ses copains de quartier. Au lieu de cela il les a renvoyés en éclatant de rire, alors qu?au fond, une blessure venait de s?ouvrir... Mais, il avait peur de passer pour un idiot, d?être la risée du quartier... Il n?est pas idiot. Comme les autres, il a remarqué le manège de sa femme. Elle est distante, froide absente et cela depuis bientôt une année. (A suivre...)