Grandiose La cérémonie d'ouverture des Jeux d'Athènes a été l'occasion, pendant trois heures et demie, d'un hymne olympique à la Grèce antique et moderne. C'est la deuxième fois en 108 ans que la Grèce, qui fut le berceau de l'olympisme dans l'Antiquité, accueille les Jeux de l'ère moderne. Les tout premiers avaient déjà été organisés modestement à Athènes en 1896. Il s'agissait de «promouvoir un héritage culturel» extrêmement fécond, mais aussi «d'exalter les réussites de la Grèce moderne et ses potentialités», selon Gianna Angelopoulos-Daskalaki, présidente du comité d'organisation. Correspondant à cette volonté, la partie artistique et la partie officielle avaient été mêlées, ce qui constituait une première ne se souciant pas trop de la charte olympique dans l'histoire des cérémonies olympiques. Avec l'appoint de 2 162 000 litres d'eau formant une gigantesque flaque poétique au centre, d'une profusion de lumières et de sons, de vidéos et de feux prométhéens, ainsi que d'un réseau de câbles aériens, la partie artistique a surpassé en originalité et en faste, comme il est désormais de règle, celle des Jeux précédents de Sydney. Le résultat époustouflant de beauté obtenu l'a été en convoquant des mythes éternels comme celui d'Hercule, des figures divines, dont celle d'Eros, dieu de l'amour, des allégories et le souvenir d'immenses artistes grecs, dont Maria Callas et Mikis Theodorakis. Parmi les trouvailles les plus saisissantes, l'introduction de la flamme olympique fut extrêmement réussie, avec une flèche surgissant d'un tableau pour incendier des anneaux olympiques lévitant sur l'eau et un petit garçon flottant dans un grand bateau enfantin en papier, le drapeau national à la main. Il y eut aussi ce centaure rouge lançant un javelot lumineux pour faire surgir des eaux une statue primitive des Cyclades, dont l'éclatement libéra dans les airs une statue classique, puis des morceaux sur lesquels étaient projetés des images à la gloire de l'humanité. La superbe procession des grands chars à travers les âges, de la haute Antiquité aux premiers Jeux d'Athènes de 1896, fut du meilleur goût. Et généreux le symbole de la femme enceinte au ventre lumineux entrant dans l'eau pour marquer sa confiance dans l'avenir. A l'applaudimètre du joyeux défilé des 201 délégations, dont 43 étaient en costume traditionnel, l'Afghanistan, l'Irak, Chypre et la Palestine ont été particulièrement salués. Tandis qu'à l'ovation qui accueille ordinairement les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont mêlés quelques sifflets. Quant à l'accueil réservé à la Turquie, il fut assez neutre. Pour la Grèce, en revanche, ce fut du délire !