Mansour est un commerçant, natif de Bou Ismaïl. Il était en 6e, cette année-là, lorsque le commandant Cousteau a rendu visite à l?aquarium de cette petite ville côtière : «Il est arrivé par la mer sur son zodiac, il a accosté le rivage du bassin qui était juste en face de ce qu?était l?aquarium avant sa destruction.» Il poursuit maussade : «Maintenant, on ne nous laisse plus rentrer.» Et d?enchaîner : «Les poissons nageaient dans de grands bassins. On aurait dit qu?ils étaient en liberté. Je me souviens aussi du bassin où nous nagions en toute sécurité. Hé? Comment était l?aquarium et comment il est devenu. De mal en pis. Alors le boulevard, c?est un véritable massacre. Quand reverrons-nous notre front de mer retrouver son décor et son prestige d?antan ? Nous ne pouvons plus passer par là-bas, à cause des clochards qui ont squatté ce qui reste des voûtes. Autrefois, les pêcheurs louaient ces voûtes pour y mettre leur matériel de pêche. Ils venaient des environs ou d?autres villes, mais la majorité était de Bou Ismaïl. C?étaient des pêcheurs à la ligne. Certains sortaient en palangrotte en mer pour pêcher le poisson.» Mansour conclut : «Je suis moi-même pêcheur amateur. J?ai 33 ans. A mon âge, je suis déçu de voir ma ville, qui attirait autrefois des touristes et des estivants, perdre sa vocation, sa plage, son boulevard, son aquarium et même ses repères. Car ici, rien ne va plus.»