Bordj El-Kiffan Il a osé lui dire cela ! Il est complètement fou, il ne donnerait jamais sa fille, sa perle à cet incapable de Salim, exclu de l?école. Lamia mérite mieux que cela. Il est 3 h, une brise légère commence à chasser la chaleur moite de cette nuit d?été. Hakim a du mal à s?endormir. Il ressent une sensation de lourdeur, d?étouffement. Que lui arrive-t-il ? C?est sans doute le couscous que lui a préparé sa s?ur Saliha. Il en a trop mangé, son âge ne lui permet pas ce genre de folie. Il pense encore à Lamia, sa fille, elle lui manque beaucoup. A-t-il eu raison de la laisser partir ? Mais il le lui avait promis. «Si tu décroches ton bac avec mention bien, je te donnerai ce que tu voudras», lui avait-il dit. «J?aimerais passer quelques jours chez mon amie Fatiha», lui avait-elle répondu. Le papa n?avait qu?acquiescé à la demande de sa fille. Fou de joie, il l?avait levée devant tout le monde pour l?embrasser, sa fille Lamia, son rayon de soleil. Ce sont ses rêves à lui qui se réalisent : elle sera médecin. Il lui transformera le garage en cabinet. Son frère Mourad va mourir de jalousie : «Tu m?avais promis le garage pour mon fils. Il ouvrira un magasin d?alimentation générale, tu auras des denrées gratuitement et après, on mariera les deux enfants». Il a osé lui dire cela ! Il est complètement fou il ne donnerait jamais sa fille, sa perle, à cet incapable de Salim, exclu de l?école. Lamia mérite mieux que cela. Son mari sera aussi instruit qu?elle et même plus. «Sois maudit, fils de ma mère ! Tu as manqué à ta parole», avait crié Mourad, fou de colère. «Ecoute, Hakim, Lamia est une femme maintenant. Elle doit rester à la maison et se mettre aux travaux ménagers. Je ne suis pas d?accord pour qu?elle aille chez son amie Fatiha, elle va perdre son temps à la plage au lieu d?apprendre à coudre, à rouler le couscous. Sais-tu qu?elle ne sait même pas préparer la galette ? Comment pourrait-on la marier un jour ?», lui a dit sa femme Sakina. «Ma fille n?a pas besoin de faire le ménage, un jour, avec son argent, elle pourra se payer une douzaine de bonnes. Je lui ai promis de l?autoriser à aller chez Fatiha, eh bien elle ira. C?est moi qui commande ici .» (A suivre...)