Ambiance El-qaâdate, ces fastueuses soirées aux parfums d'antan, ont fait, pour la troisième année consécutive, leur réapparition à Alger à la faveur de concerts organisés dans certains cafés populaires. Ayant abrité par le passé des concerts animés par les grands noms du chaâbi, tels que El-Hadj M'hamed El-Anka ou Hadj M'rizek, des lieux mythiques à l'instar de qahouet El-Gourari, qahouet Tlemçani dans le quartier de l'Amirauté ou qahouet Malakoff, ainsi que certaines placettes, telle celle sise à la rue Debbih-Chérif, ont accueilli, cet été, le temps d'une longue veillée festive, des interprètes excellant dans ce genre musical puisé du terroir. Un public nombreux, venu d'Alger et des quartiers périphériques, a pu savourer avec délectation les nesrafate, neklabate et qacidate écrites par de grands poètes. «Nous avons voulu recréer cette ambiance des soirées d'antan, faire connaître la nouvelle génération d'interprètes de chaâbi et, surtout, faire apprécier cette musique créée par les grands maîtres», explique le directeur de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, organisme initiateur de ce projet entrant dans le cadre de l'animation estivale de la capitale. «Ce genre de soirées à l'ancienne entrant dans le cadre de la culture de quartier, ou de proximité, a pour objectif de réhabiliter ce genre de spectacles à même de drainer des foules, dont les nostalgiques des qaâdate», ajoute M. Mohamedi, en attirant l'attention sur le nombre de spectateurs venus assister à la soirée organisée en hommage à Hadj M'rizek, l'un des maîtres du chaâbi, animée par El-Hadi El-Anka et Abdelkader Chercham. Pour les organisateurs, «ce qu'il faudrait retenir de cette expérience, c'est l'adhésion des artistes à la démarche en acceptant d'animer un concert dans un café et non dans une salle et, par ricochet, celle du public qui reste réceptif à ce genre musical». «C'est une façon, pour nous, de dire que le chaâbi a encore de beaux jours devant lui et qu'il existe des perspectives intéressantes pour sa promotion et son développement», confie encore le directeur d?Arts et Culture. Ce dernier ne rate pas cette occasion pour faire allusion à la «nuit non-stop du chaâbi» organisée le 19 août à la salle Ibn-Khaldoun avec la participation d'une pléiade d'artistes, dont Abdelkader Chaou et Kamel Bourdib. Confortés dans leur démarche tendant à aider à l'émergence de jeunes talents, les responsables d'Arts et Culture comptent poursuivre dans cette voie en s'attelant, dès à présent, à la préparation de l'organisation de soirées chaâbies durant le ramadan. II s'agira, à travers une telle programmation, de permettre au public de découvrir les jeunes qui tentent de se faire une place dans ce genre musical.