Protestation Des centaines de milliers de personnes devraient descendre, aujourd?hui, dans les rues de New York pour dénoncer la politique du président américain George W. Bush, à la veille de l'ouverture de la convention de son parti. Elky Shatzkin, 84 ans, fervente militante contre la guerre en Irak, ne raterait pour rien au monde cette manifestation. Le pas vif, Mme Shatzkin trimballe un sac à dos énorme, recouvert d?autocollants anti-Bush, avec toutes ses affaires pour le week-end. Elle déclare : «Je viens manifester contre ce président qui s'enorgueillit de ne pas lire les journaux.» Le regard alerte, elle se définit comme une militante socialiste, un oiseau rare aux Etats-Unis. «Le nombre de policiers est complètement délirant, c'est un vrai gâchis de nos impôts», proteste Elky. A la gare de Croton, petite ville de 7 000 habitants à une heure de train de New York, elle va au moins un matin par semaine, de 7h à 8h30, avec des pancartes anti-Bush. «On se mettait à l'endroit où les voyageurs étaient sûrs de nous voir», dit-elle. Ensuite, elle a manifesté à New York, à Washington, un peu partout. Descendre dans la rue, c'est presque une deuxième nature chez Elky. «Je manifeste depuis les années 1930», dit-elle. L'ambiance fiévreuse et l'effervescence anti-Bush à New York lui rappellent curieusement un voyage en Pologne, au début des années 1980, en pleine période Solidarnosc. Sa vocation politique lui est venue en héritage, explique-t-elle. «Je n'ai aucun mérite. Mes parents étaient socialistes, ma mère proche des anarchistes, ils militaient aussi dans des organisations culturelles yiddishs. Et moi, j'ai absorbé tout ça.» Se situant «très à gauche» du candidat démocrate John Kerry, elle va voter pour lui sans hésiter. Ce qui la chagrine quand même un peu, c'est qu'il «n'a pas été assez critique à l?égard de Bush sur la guerre en Irak. Bush ne mérite pas qu'on lui accorde un iota de crédit dans cette affaire», s'emporte-t-elle. Avec une moue de dégoût, elle évoque les images de bombardements sur Bagdad. «Ils (les républicains) aiment ça, ils en sont fiers.» «Je dis toujours aux jeunes militants que tout au long de ma vie, j'ai été témoin de progrès sociaux progressifs. Avec Bush, tout s'effondre», ajoute-t-elle. Pour autant, Elky ne s'inquiète pas des effets durables que pourrait avoir cette présidence sur l'image des Etats-Unis dans le monde. «Souvent quand j'ai voyagé, à Cuba ou au Nicaragua, je m'excusais presque d'être Américaine. Mais les gens ont toujours bien fait la différence entre moi et mon gouvernement», sourit la militante.