Même si c'est le chacal qui représente la ruse, on consent parfois à reconnaître au renard de l'intelligence. Ta'lab dit-on en arabe, ak'aab ou abaragh en berbère : cela signifie que la personne à qui on attribue ces noms est maligne. Et comme dans toute malice, y compris celle du chacal, il y a idée de fourberie et de mal. Il y a même, chez le renard, un degré de plus dans la méchanceté : «Balak 'âla ruh'ek, ta'leb» (fais attention, c'est un renard, c'est-à-dire qu'il va te jouer un tour de pendable !). Cependant, dit-on, pour sauver l'honneur de notre chacal national, celui-ci a toujours raison du renard, comme en témoigne la fable suivante. Le lion, roi de la forêt, étant malade, il réunit les animaux. «Je suis atteint d'un mal étrange dont je n'arrive pas à guérir, leur dit-il. J'attends que vous m'indiquiez des remèdes efficaces !» Chacun y va de sa proposition, mais ni le miel, ni les ?ufs à l'ail, ni les différentes herbes qu'on apporte n'y font. Le mal est plus profond qu'on le croit. Parmi les animaux s'affairant autour du lion, il y a le renard et le chacal. Ils se détestent mutuellement et chacun guette le moment favorable pour faire du mal à son ennemi. Le lion réunit les animaux pour la énième fois, leur enjoignant de trouver un remède. C'est alors que le renard s'exclame : «J'ai appris, aujourd'hui, par un vénérable vieillard, qu'il n'y a pas de remède plus puissant que le sang du chacal. Il guérit les maux les plus tenaces !» Les regards se tournent aussitôt vers le chacal. Déjà la patte du lion se lève, prête à frapper. «Oui, oui, dit le chacal, renard a raison, le sang du chacal est un bon remède, mais pour qu'il soit efficace, il faut l'accompagner d'une cervelle de renard !» La patte s'abat sur la tête du renard qui meurt sur le coup. Le lion lui arrache la cervelle. Le chacal se fait une petite blessure à la patte pour accompagner la cervelle. A malin, malin et demi !