Si dans la littérature et la symbolique européennes, le renard représente la ruse et la malice, dans les légendes et les fables maghrébines, c'est le chacal. C'est seulement ensuite que viennent d'autres animaux tel le hérisson. Les expressions ne manquent pas pour parler du chacal : malicieux, traître, félon… L'une des ruses du chacal, que les paysans ont souvent expérimentée, c'est la «mort du chacal» : l'animal, pris dans un piège, fait semblant d'être mort. Aussitôt le piège levé, il s'enfuit sans demander son reste. Cette ruse du chacal est à l'origine du verbe kabyle ppuccen, dérivé de uccen, qui signifie «s'éveiller, réagir vite, être à l'affût». Le chacal apparaît dans de nombreux apologues, pour illustrer des morales. Le récit le plus répandu rappelle la fable de la Fontaine, le renard et les raisins, à la seule différence que le renard est remplacé par un chacal. Un chacal, voulant s'emparer d'une grappe de raisin sur une treille, fait bien des efforts pour l'atteindre. Mais le fruit, étant placé trop haut, il n'y parvient pas. C'est alors que dédaigneux, il dit : «Les raisins sont acides». Belle façon de justifier, à ses yeux et aux yeux des autres, son échec, et surtout, pour dénigrer les choses qu'on ne peut pas avoir ou les personnes qu'on envie, mais qu'on n'arrive pas à surpasser…