Dressé sur l?un des mamelons qui dominent la ville de Souk-Ahras, le mausolée de Sidi Messaoud accueille en été le plus grand nombre de visiteurs. Les natifs de la ville ont, de tout temps, rendu un hommage particulier au saint homme non pas par vénération, comme on pourrait le croire, mais par respect pour sa droiture, son honnêteté et son abnégation exemplaires. Durant la belle saison, les familles se rencontrent dans l?enceinte de la zaouïa pour y organiser une collation et y brûler des cierges à la mémoire du disparu. Sidi Messaoud, ayant de son vivant toujours prôné l?austérité, on n'y a jamais préparé de zerda ou de festin. Il est une tradition, en revanche, que les habitants de Souk-Ahras s?évertuent à perpétuer : la dévotion au chêne séculaire qui trône à quelques mètres seulement du mausolée et qui côtoie le fameux olivier de saint Augustin, l?autre illustre enfant de la ville. Au pied de ce chêne sans âge, sont enterrés les prépuces des nouveaux circoncis selon un rite invariable. Les anciennes familles de la ville, riches ou pauvres, ont transmis à leurs descendants la tradition selon laquelle toutes les circoncisions soient célébrées ainsi par ce simple geste. On raconte que les habitants de l?ancienne ville, qui se prolongeait depuis le quartier de la mairie de Aïn Chougrani à Tagtaguia, ont instauré cette coutume pour se distinguer des Européens qui se prosternaient à l?ombre de l?olivier du père du christianisme.