Portrait ■ Nabil Bali imagine une musique mixte, à la croisée du traditionnel et du moderne. Nabil Bali, le fils du regretté Othmane Bali qui avait enregistré trois albums avec l'artiste américain d'origine indienne Sherokee Steve Shehan, et le jazzman français Jean-Marc Padovani, est considéré à sa façon comme poète, un véritable virtuose du luth et de la guitare, fusionnant subtilement et avec beaucoup d'imagination, les rythmes et les mélodies traditionnelles africaines avec le blues, le reggae et même la musique arabo-andalouses. Celui qui, après la mort de son père, entreprend de continuer là où Othmane Bali s'est arrêté, imagine une musique mixte, à la croisée du traditionnel et du moderne. C'est un artiste qui se démène dans tous les sens, il est tout le temps à la recherche de nouveaux sons, de nouveaux rythmes, renforçant son style et enrichissant sa musique, il se montre à chaque fois créative, particulièrement novateur «C'est un style où on est toujours à la recherche de nouveaux sons, de nouvelles mélodies et d'inspiration du moment», aime-t-il dire à propos de sa musique, musique qui se veut actuelle, universelle. Nabil Bali tient, en revanche, à préciser que les nouveaux instruments intégrés dans leur travail de composition pour créer de nouvelles mélodies n'altèrent d'aucune façon l'esprit même du groupe, celui qui est basé sur la tradition touareg. Le groupe chante dans la langue de leurs ancêtres : le tamasheq. La musique qu'imagine Nabil Bali et son groupe est adaptée à la culture targuie. Ainsi, Nabil Bali se montre à la fois respectueux de la tradition et ouvert aux fusions et aux métissages. Cela lui permet d'exalter à chaque fois la création et le renouveau. Par ailleurs, la musique que Nabil Bali compose est une invitation au voyage. C'est un moment d'évasion. «C'est un voyage initiatique que nous proposons à notre public», dit-il. Nabil Bali, qui s'est déjà produit en France, Italie, Canada et en Belgique, montera prochainement sur la scène à Londres (Grande-Bretagne), le 27 septembre, dans le cadre de la manifestation «Sahara Soul» à laquelle prennent part également des artistes du Sahara occidental (Aziza Brahim) et de Mauritanie (Ment Slimani) et du Mali (le groupe malien «Tartit»). De sa voix profonde et entraînante, Nabil Bali chante le désert, il déclame l'identité targuie, son histoire et ses traditions, cela l'inspire dans l'écriture des textes qu'il chante et aussi dans la composition de la musique qu'il joue. «Le patrimoine culturel, tant matériel qu'immatériel, joue un rôle primordial dans l'édification et le renforcement de l'identité culturelle nationale. Il est aussi un moyen efficace de consolidation de la cohésion sociale», soutient-il. Nabil Bali, qui a signé quatre CD, dont Awailin, compte sortir bientôt un nouvel album. Dans ce nouveau répertoire, il a travaillé entre autres avec le trompettiste Ibrahim Malouf — fils de l'écrivain Amin Malouf — qui est un musicien (trompettiste et pianiste), compositeur, notamment de musiques de films, arrangeur, producteur et professeur d'improvisation et de trompette franco-libanais.