Tout en étant respectueux de la tradition, Nabil Bali est, tout comme était son père, ouvert aux fusions et aux métissages. Il collabore déjà avec les amis de Othmane. A ce sujet, Nabil Bali souligne que « le patrimoine culturel, tant matériel qu'immatériel, joue un rôle primordial dans l'édification et le renforcement de l'identité culturelle nationale. Il est aussi un moyen efficace de consolidation de la cohésion sociale ». Rappelons que le regretté Othmane Bali avait enregistré trois albums avec l'artiste américain d'origine indienne Sherokee Steve Shehan, et le jazzman français Jean-Marc Padovani. Nabil Bali chante le désert avec sa voix profonde et sucrée et raconte l'espace infini et le vent dans les dunes. Pour lui, rendre hommage à son père, est un « honneur et un devoir envers la musique targuie. Mon père était un musicien poète dont plusieurs textes ont été inspirés des traditions orales targuies, notamment les Tissiouayes et le Tamahak. En tout cas, sa mémoire demeure toujours vivante dans le cœur de tous les Algériens et en particulier ceux du Grand Sud et de Djanet », confie-t-il, en marge du Festival culturel et local de la S'baeïba (15-24 novembre). Il nous explique, par ailleurs, que la musique est une histoire de famille, et c'est sa grand-mère, Khadidjata, illustre chanteuse de tindi, qui a transmis à son père, ce genre musical. Très actif et ambitieux, Nabil a déjà enregistré quatre albums. Il ambitionne d'en réaliser un autre qui paraîtra en avril 2013. Dans cet opus qu'il produit à compte d'auteur, Nabil ose des folies. Il intégrera de nouvelles musicalités venues d'ailleurs. Par ailleurs, de nombreux artistes de la chanson targuie signalent l'absence de studios d'enregistrement, ajoutée à la faiblesse du plan de charges des groupes artistiques. Ce qui constitue la principale entrave à la promotion de la production musicale à Djanet. Selon ces sources, dont l'avis est partagé par les responsables locaux de la culture, ce déficit en studios a privé les troupes musicales d'un des espaces vitaux de leurs activités et a limité leurs productions à de rares concerts organisés occasionnellement, et quasi exclusivement à Djanet. Cette situation a fait que les recettes engrangées par ces troupes n'arrivent même pas à couvrir les charges de transport, d'hébergement et de restauration, affirme-t-on. Les revenus annuels des troupes, estime-t-on, sont insignifiants par rapport aux frais inhérents à la production d'une chanson, comme la rémunération des artistes, la location d'un studio et les répétitions, entre autres. Une alternative à ce manque serait, affirment ces sources, de renforcer les budgets des établissements culturels et de jeunesse pour leur permettre de multiplier les activités d'animation et les sollicitations des troupes musicales encore actives.