Business ■ Les points de vente des moutons en prévision de l'Aïd el-Adha se sont multipliés ces derniers jours à travers les grandes villes du nord du pays. Des garages se sont transformés en «marchés clos» et des bords de routes en lieux de vente à ciel ouvert. Aucune organisation n'est perceptible et l'anarchie règne en maître, en cette circonstance, où des moutons sont exposés un peu partout par des maquignons de tout bord qui trouvent en cette fête religieuse une occasion pour engranger de gros bénéfices au détriment, bien évidemment, des bourses, déjà lourdement fragilisées, des citoyens. Car l'Aïd arrive quelques semaines seulement après la rentrée scolaire avec ses dépenses faramineuses. Deux occasions budgétivores se sont alignées et alliées cette fois-ci pour porter un coup dur aux petites bourses. Les assurances des autorités concernant l'organisation du marché du bétail et surtout à travers des contrôles vétérinaires permanents sur les espaces de vente ne sont pas entièrement concrétisées sur le terrain. Les décisions prises suite à l'épidémie de fièvre aphteuse, qui a fait des ravages au sein du cheptel bovin à travers différentes régions du pays, afin de prévenir la contamination des ovins sont restées lettre morte. Pour preuve, la majeure partie des vendeurs de moutons, à Alger et Blida, n'est pas munie de certificat vétérinaire. Et ils ont, pourtant, acheminé ces bêtes depuis les wilayas de l'intérieur du pays, passant par plusieurs points de contrôle ! «Il n'y a aucun certificat. Le mouton malade peut être reconnu à vue d'œil. Et puis, on n'oblige personne à acheter !», répliquent, sur un ton de colère, plusieurs vendeurs interrogés à Ouled Yaïche (Blida), Birtouta et Baba Ali (Alger). «Si les vétérinaires parviennent à détecter une quelconque maladie sur mes moutons, je suis prêt à les laisser ici et rentrer chez moi. Je connais mon cheptel quand même et tout contrôle vétérinaire est le bienvenu», Insiste Mohamed, éleveur dans la région de Boughzoul (Médéa) qui expose une vingtaine de moutons à la vente au bord de l'autoroute, à Baba Ali. «Celui qui veut être sûr de la bonne santé des moutons n'a qu'à ramener un vétérinaire avec lui avant d'acheter», intervient Abdelkader, venu de la localité de Aïn Lebel (wilaya de Djelfa) exposant environ une quarantaine de moutons sur l'autre côté de la même autoroute. La fermeture des marchés aux bestiaux a lourdement pénalisé ces éleveurs, qui ont envahi les grandes villes dès la levée de cette mesure. «On était étouffé pendant plusieurs semaines. Nous avons respecté la décision du ministère de l'Agriculture, mais pour le contrôle vétérinaire c'est aux services concernés de le faire. Si nous payons encore des vétérinaires, les moutons seront inaccessibles pour beaucoup de citoyens», ont-ils expliqué. Certaines pratiques commerciales maladroites n'ont pas disparu cette fois-ci encore. Alors qu'un vendeur affirme que ces moutons sont alimentés avec de «l'orge», on a découvert qu'il leur donne tout simplement du...pain ! Le mensonge flagrant est, pourtant, perceptible, à quelques mètres du lieu de vente. «Non, mais ils consomment de l'orge durant la nuit, je vous assure», a-t-il tenté de rectifier. Mais, en dépit de tout cela, le commerce semble fonctionner, les citoyens ayant pris l'habitude d'acquérir leurs moutons de sacrifice dans de pareilles circonstances. L'anarchie et les mauvaises pratiques s'installent, ainsi, en constantes difficiles à éradiquer...