Avis «Tout ce que racontent les Algériens dans la rue, finit par se réaliser sur le terrain.» Convaincu, Youcef, 25 ans et habitant le quartier de Bab El-Oued affirme que toutes les rumeurs que colportent les Algériens finissent par se concrétiser sur le terrain tôt ou tard. «A croire qu?ils ont un sixième sens.» Augmentation du prix des aliments de base tels le pain et le lait, les visas, les recrutements de joueurs ou d?entraîneurs, les remaniements ministériels?, rien ne leur échappe. Ainsi, il faut prendre pour argent comptant tout ce qui se dit, particulièrement dans les quartiers populaires. Selon lui, la rumeur prise au vol fait le tour des quartiers de la capitale en un temps record. Même la presse est en retard, maintient-il, en jurant que parfois en lisant le journal il remarque que certaines nouvelles sont dépassées. Yaurait-il un canal ou un moyen par lequel ces quartiers dénichent ces nouvelles, ou sont-elles distillées exprès par X personne dans ces quartiers en question. C?est cette dernière hypothèse que retient Aziz qui habite les hauteurs de Bab El-Oued à Climat-de-France : «On nous prend pour des cobayes c?est tout. Avant de nous imposer une loi ou une mesure impopulaire, on prend le temps de tâter le pouls des citoyens surtout ceux des quartiers populaires. D?une part, on étudie la réaction des gens et, d?autre part, on leur laisse le temps de s?y accoutumer. Une fois adoptée, cette mesure aura moins de répercussion.» Certains diront que c?était prévisible, grommelant quelques phrases sans plus. La dernière expérience de laboratoire, selon lui, est le Code de la famille. Les mesures seraient prêtes et l?on fait semblant de débattre. Cependant, il affirme que le nouveau texte passera comme une lettre à la poste même si on prend plus de temps vu le sérieux du sujet. En fin sociologue, Aziz, du haut de ses 35 ans, affirme que rien ne le surprend. «Quelle que soit la nouvelle, bonne ou mauvaise, elle me laisse de marbre», dira t-il. La raison : déçu et marre de jouer les cobayes. Plus âgé et donc plus au fait des secrets de la société, âmmi Rabah perçoit la rumeur comme un moyen d?échapper à la routine. Le quotidien morose des gens qui espèrent une vie meilleure les pousse à inventer des histoires de toutes pièces. Une sorte de thérapie qui, selon lui, peut s?avérer fructueuse parfois. Plus la rumeur est forte exprimant un désir pressant, plus elle a des chances de se concrétiser parce que tout le monde finit par y croire. Toutefois, il faut être réaliste. On ne peut pas effacer toute la misère du monde avec des paroles. C?est à cet effet que âmmi Rabah invite ses concitoyens à «plus d?actes et à moins de paroles».