«Depuis quinze ans, je suis témoin d'atrocités de masse commises sur le corps des femmes et contre les femmes et je ne peux pas rester les bras croisés, car notre humanité commune nous invite à prendre soin les uns des autres. Ma première malade en 1999 avait été violée, puis on lui avait introduit une arme dans l'appareil génital et fait feu, elle avait tout le bassin détruit. Je pensais que c'était l'œuvre d'un fou mais la même année, j'ai soigné 45 cas semblables», se souvient Denis Mukwege, gynécologue congolais. Surnommé «Docteur miracle» pour toutes ces femmes à qui son combat obstiné permet de revivre après l'anéantissement et l'humiliation, le médecin est devenu célèbre bien au-delà des frontières de son pays. Il a été récompensé hier, mardi, pour son engagement au service de dizaines de milliers de femmes de son pays, victimes d'une violence indicible et qu'il aide à se reconstruire. Depuis le début de l'année, il a lancé un mouvement féministe masculin, V-Men Congo, et appelé à une «mobilisation générale» contre un nouveau fléau : les viols d'enfants et de bébés.