Les archives restituées à l'Algérie depuis l'Indépendance à ce jour ne sont pas falsifiées, selon le directeur général du Centre des archives nationales. Tout ce qui existe au Centre des archives est «authentique», insiste Abdelmadjid Chikhi tout en appelant à faire la différence entre le rédacteur du document et la réalité historique. L'Algérie continuera par ailleurs à revendiquer toutes les archives qui ont été spoliées durant la colonisation, assure-t-il. Ce sont «des allégations gratuites. On ne peut pas accuser les historiens de malversation. Ils travaillent sur des documents qui sont censés être authentiques. Et puis seule une expertise peut dire s'il y a eu manipulation sur des documents d'archives», a expliqué Abdelmadjid Chikhi ce dimanche matin sur les ondes de la Chaîne III. Et de s'interroger : «Est ce que les falsifications dont on parle touchent le document lui même ou ce que les historiens ont écrit ?» «Il n'y a pas à ma connaissance au Centre des archives nationales des documents falsifiés ou truqués. Ce qui existe dans le Centre est par hypothèse authentique», insiste-t-il. Pour appuyer ses dires, le premier responsable du Centre des archives atteste qu'«un document ne peut être authentifié authentique que s'il répond à certains critères». Reste, cependant, à vérifier l'information rapportée par ce document qui peut en effet, ne pas être vrai, selon le même responsable. «Il faut faire la différence entre le rédacteur du document et la réalité historique», a-t-il précisé avant d'illustrer son analyse par ce fait historique. «Entre ce qui a été consigné dans les documents officiels français sur les événements du 17 octobre à Paris et le rapport de la Fédération de France du FLN il n'y a aucune comparaison possible. Le document français est faux par l'information qu'il détient puisqu'il parle de dix morts, alors que le document du FLN dit qu'il y a au moins 300 morts». Pour M. Chikhi, c'est au chercheur de prendre aujourd'hui le relais pour authentifier les faits historiques qui se sont produits. Il insiste néanmoins sur le rôle de son institution à continuer à revendiquer les archives qui ont été spoliées durant toute la colonisation, tout en refusant de parler du nombre d'archives récupérées depuis l'Indépendance à ce jour. Le nombre «importe peu, l'essentiel et que l'opération dure dans le temps pour récupérer le plus d'archives possibles», a-t-il dit. Il appelle, dans ce cadre, à faire la différence entre les archives qui sont algériennes et les archives qui concernent l'histoire de l'Algérie. «Les archives algériennes se trouvent en grande partie en France. Mais les archives qui concernent l'histoire de l'Algérie sont dans tous les pays qui ont eu des relations avec l'Algérie durant des siècles. Ces archives appartiennent à ces pays. Notre rôle c'est d'en obtenir des copies», a t-il indiqué.En réponse à la question de savoir pourquoi certaines archives ne sont toujours pas accessibles aux chercheurs, étudiants et journalistes, M. Chikhi évoque la loi régissant ce genre de documents. Nous apprenons ainsi que certaines archives ne sont pas du tout accessibles aux chercheurs et encore moins au public. Il s'agit notamment d'une partie des archives historiques. «Il y a les archives qui touchent à l'ordre public, aux intérêts nationaux et les archives concernant l'honneur des personnes et des familles. Ce sont des dossiers personnels qui ne seront accessibles que dans 100 ans».