Documentaire- La chaîne Canal Plus a diffusé, hier soir, un film réalisé par l'enfant terrible du football français, Eric Cantona, qui retrace l'apport de l'immigration au football de l'hexagone. Au moment où la France polémique autour de l'affaire Sagnol, qui a tenu des propos maladroits et offensants sur les joueurs africains, le film d'Eric Cantona, «Foot et immigration, 100 ans d'histoire commune», diffusé hier soir sur la chaîne Canal Plus vient à point nommé pour rappeler à tous ceux qui ont vite oublié que le football a été toujours un vecteur d'intégration et de pluralité culturelle en hexagone, surtout depuis que les Bleus sont devenus Bleus en 1904. Dans ce film-documentaire, Cantona, associé au réalisateur Gilles Perez, raconte les vagues incessantes d'immigrés venus de Pologne, d'Italie, d'Espagne ou d'Algérie pour reformater la France, contribuant à son développement sur tous les plans, y compris dans le football où la réussite se gagnait grâce au talent et à la sueur du travail. Contrairement aux autres domaines, telles que la politique, le showbiz ou l'économie où l'accès est souvent fermé ou parsemé d'embuches pour ceux désirant accéder aux élites, le sport en général et le foot en particulier, en offrent plus de possibilités. Cantona, qui, au passage, a apporté son soutien à Willy Sagnol rappelant que c'est lui qui a recruté six ou sept joueurs de couleur, a donné la parole à plusieurs figures du sport-roi, à un sociologue, Stéphane Beau, à un philosophe, Jean-Claude Mechea, mais aussi aux parents de certains joueurs pour témoigner de leurs origines. Cantona, rappela, à travers Raymond Kopa, l'une des icônes du foot français, l'arrivée de 700 000 polonais, la plupart pour rejoindre les mines de charbon du Nord, ou bien Michel Platini, et tous ces italiens qui on débarqués à la recherche d'un travail. Même sa maman, dont le passage a été très émouvant, a fait remonter à la surface les 450 000 réfugiés républicains qui quittèrent l'Espagne en 1939 pour les camps de concentration du sud de la France. Basile Boli, évoquera, lui ses origines ivoiriennes, son père polygame qui a fini par accepter la nationalité française, tout comme Jean Tigana, dont les parents sont maliens venus s'installer du côté de Marseille. Un quartier qui vit naître un certain Zinedine Zidane, celui qui offrit l'unique Coupe du monde à la France le 12 juillet 1998 en marquant un doublé face au Brésil, comme l'a fait Platini, pour l'Euro 1984 ou bien Boli, en 1992 pour le seul trophée des Clubs Champions à l'OM. En plus des témoignages d'entraîneurs de jeunes dans les quartiers de Marseille ou d'autres anciens joueurs comme Piantoni, la chute du documentaire a été l'œuvre de l'humoriste Jamel Debbouze, marocain d'origine, qui signa un vœu qu'il ne voudrait pas pieux : «On a envie que notre pays d'accueil nous aime tout simplement pour ce qu'on est, ce qu'on lui apporte, et que ce ne soit pas que par le biais du foot». Eric est plus King que jamais !