Course - L'ex-président Nicolas Sarkozy, mal élu à la tête du parti conservateur, et Marine Le Pen, reconduite à la tête du parti d'extrême droite avec 100% des suffrages, ont donné hier le coup d'envoi de la campagne pour la présidentielle de 2017 en France. Ils se présentent désormais comme les deux leaders de l'opposition au président François Hollande, qui bat à mi-mandat des records d'impopularité, avec seulement 12% d'opinions favorables, sur fond de chômage persistant. Si Nicolas Sarkozy n'a pas annoncé sa propre candidature, le nouveau président de l'UMP, principale formation d'opposition, s'est engagé hier à organiser comme prévu en 2016 une primaire pour désigner un candidat unique de la droite face à la gauche. Dans l'opposition de droite, certains barons soupçonnaient Nicolas Sarkozy, 59 ans, de vouloir prendre la tête de l'UMP pour se passer de la primaire. L'ex-chef de l'Etat (2007-2012) a appelé «tous ceux qui n'acceptent pas l'humiliation de la France» à se rassembler dans «une grande formation politique», disant souhaiter que l'UMP dont il prend les rènes «change de nom». Il s'est engagé à faire travailler ensemble toutes les composantes de son parti. Bruno Le Maire, 45 ans, son principal challenger pour la tête de l'UMP avec près de 30% des voix, s'est présenté comme le champion d'un «renouveau». L'ancien Premier ministre (1995-1997) Alain Juppé, 69 ans, d'ores et déjà le grand rival de Nicolas Sarkozy à la future primaire, a fait au nouveau président de l'UMP des offres de service lourdes de sous-entendus. «Je suis prêt à l'aider dans la ligne que j'ai indiquée, un large rassemblement de la droite et du centre», a-t-il déclaré dès hier soir. M. Juppé, maire de Bordeaux (sud-ouest) et qui a également été ministre des Affaires étrangères, s'est fait le champion du rapprochement entre la droite républicaine et le centre, alors que M. Sarkozy a durant sa campagne cherché surtout à disputer à l'extrême droite les thèmes de l'immigration, de la sécurité, de la défense de «l'identité française» et même de la critique des institutions européennes. Au congrès du Front National réuni à Lyon (centre-est), Marine le Pen a de son côté renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy et François Hollande. «MM. Sarkozy et Hollande, vous avez tout raté!», a-t-elle lancé, alors que des sondages la placent en tête du premier tour de l'élection présidentielle si celui-ci se déroulait prochainement, dénonçant le «projet fou de l'Union européenne» et «l'idéologie du mondialisme». «Le peuple nous attend, nous devons lui prouver notre détermination et notre capacité à changer le destin sans provoquer aucun trouble et sans mettre en péril l'équilibre de notre nation», a demandé dimanche la patronne du FN à ses militants. Son entreprise de dédiabolisation du parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, tout en gardant les fondamentaux (contre l'Europe et l'immigration, pour «l'identité nationale» et la sécurité) a porté ses fruits et un tiers des Français ont désormais d'elle une opinion favorable.