L'extrême droite française a lancé dimanche la campagne pour la présidentielle de 2017 au lendemain du retour sans éclat de l'ex-président Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP qui laisse la droite divisée dans son projet de reconquête du pouvoir face à une gauche affaiblie. La chef du Front national Marine le Pen, réélue à la tête du parti d'extrême droite avec 100% des suffrages des militants, a renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy et l'actuel président socialiste François Hollande hier lors du congrès de son parti réuni à Lyon (centre-est). ́ ́MM. Sarkozy et Hollande, vous avez tout raté! ́ ́, a lancé Marine Le Pen, que des sondages placent en tête du premier tour de l'élection présidentielle si celui-ci se déroulait prochainement. Elle a assuré que son parti était le seul à avoir ́ ́au coeur ce si beau principe: le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ́ ́, contre le ́ ́projet fou de l'Union européenne ́ ́ et ́ ́l'idéologie du mondialisme ́ ́. Contrairement à Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy n'a pas eu droit samedi dernier à un plébiscite, n'obtenant que 64,5% des suffrages des militants UMP, un score un peu maigre pour un homme qui a présidé la France et n'envisageait la présidence du parti conservateur d'opposition que comme un tremplin vers son retour au pouvoir. Sa ́ ́petite victoire ne lui permet pas d'écraser la concurrence dans la nouvelle campagne qui débute: celle de la primaire de 2016 ́ ́ à droite pour désigner le candidat à la présidentielle ́ ́, notait le quotidien Le Monde dimanche sur son site internet. L'ancien président ́ ́va devoir composer avec des opposants qui se sont regroupés derrière Bruno Le Maire ́ ́, 45 ans, son principal challenger, champion d'un ́ ́renouveau ́ ́ du parti conservateur, relevait de son côté Le Journal du Dimanche. Quant à l'ancien Premier ministre ministre Alain Juppé, d'ores et déjà le grand rival de Nicolas Sarkozy à la future primaire, il a fait au nouveau chef de l'UMP des offres de service lourdes de sous-entendus. ́ ́Je suis prêt à l'aider dans la ligne que j'ai indiquée, un large rassemblement de la droite et du centre ́ ́, a-t-il déclaré samedi soir. M.Juppé, maire de Bordeaux (sud-ouest) et qui a également été ministre des Affaires étrangères, s'est fait le champion du rapprochement entre la droite républicaine et le centre, alors que M.Sarkozy a durant sa campagne cherché surtout à disputer à l'extrême droite les thèmes de l'immigration, de la sécurité, de la défense de ́ ́l'identité française ́ ́ et même de la critique des institutions européennes. Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, les sympathisants de droite accordent à Alain Juppé plus de sérieux, de capacité à rassembler la droite et le centre, d'honnêteté et de sensibilité aux préoccupations des Français. Nicolas Sarkozy en revanche est jugé plus capable de remporter la présidentielle, plus courageux, plus autoritaire, plus dynamique et plus capable de sortir le pays de la crise. Quant aux Français dans leur ensemble, ils accordent de préférence toutes ces qualités à M.Juppé, sauf celles de l'autorité et du dynamisme. La personne de l'ancien président français, son côté ́ ́bling-bling ́ ́, ses outrances de langage, suscitent toujours autant le rejet parmi la majorité des électeurs. Le rejet de Marine Le Pen reste cependant encore plus fort: 63% des Français ont une mauvaise opinion de la présidente du Front National, selon un récent sondage. Mais son entreprise de dédiabolisation du parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, tout en gardant les fondamentaux (contre l'Europe et l'immigration, pour ́ ́l'identité nationale ́ ́ et la sécurité) a porté ses fruits et un tiers des Français ont désormais d'elle une opinion favorable. ́ ́Le peuple nous attend, nous devons lui prouver notre détermination et notre capacité à changer le destin sans provoquer aucun trouble et sans mettre en péril l'équilibre de notre nation ́ ́, a demandé dimanche la patronne du FN à ses militants.