Avancée ■ L'adoption par les députés français d'une résolution sur la reconnaissance de l'Etat palestinien est plus qu'un symbole car elle intervient au moment où les Palestiniens tentent de faire avancer leur cause à l'ONU. Selon l'Autorité palestinienne, actuellement quelque 135 pays dans le monde reconnaissent l'Etat de Palestine. Le dernier en date est la Suède qui a reconnu la Palestine le 30 octobre, s'attirant les foudres d'Israël. Outre le royaume scandinave, huit membres de l'Union européenne l'avaient reconnue avant leur entrée dans l'UE : la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre. Mais, au sein de l'Union européenne, aucun des pays susceptibles de peser sur le dossier n'a franchi le pas. Avant les députés français, le Parlement britannique s'est prononcé le 13 octobre pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, mais le vote était là aussi non contraignant. Et le 18 novembre, le Congrès des députés (chambre basse) en Espagne a adopté à une écrasante majorité une motion appelant le gouvernement espagnol à reconnaître l'Etat palestinien. Ces initiatives s'inscrivent dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque-là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël afin de relancer un processus au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au prin-temps dernier. De leur côté, les Palestiniens entendent soumettre formellement au Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution fixant la fin de l'occupation israélienne à 2016. Les Palestiniens sont depuis 2012 un Etat observateur à l'ONU. En 2011, ils avaient été admis en tant qu'Etat membre à l'Unesco, ce qui avait poussé les Etats-Unis à suspendre leurs versements à cette organisation internationale. Les Palestiniens ont salué hier le vote des députés français en faveur de la reconnaissance de leur Etat et appelé le gouvernement à le traduire en acte. Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a indiqué «remercier le Parlement et le peuple français» après le vote de ce texte non contraignant mais à forte portée symbolique par lequel les députés français invitent leur gouvernement à reconnaître l'Etat de Palestine. Hanane Achraoui, une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a appelé dans un communiqué «le gouvernement français à traduire le vote de son Parlement en acte». Les Palestiniens mènent actuellement une vaste campagne internationale qui commence à porter ses fruits. Les enjeux diplomatiques se situent actuellement à l'ONU, où les Palestiniens veulent soumettre au Conseil de sécurité un texte réclamant la fin de l'occupation israélienne en novembre 2016. Ce projet, soutenu par la Ligue arabe, risque de se heurter au veto américain. Afin d'éviter la confrontation, la France promet, avec ses partenaires européens, un texte alternatif pour relancer les négociations de paix. Selon le représentant palestinien à l'Onu, Riyad Mansour, ce texte devrait fixer un délai pour des négociations et pourrait être soumis au Conseil de sécurité mi-décembre. «Nous devons fixer un calendrier, car en l'absence de calendrier comment convaincre qu'il ne s'agira pas d'un énième processus sans perspectives réelles ?», avait déclaré M. Fabius vendredi dernier , mentionnant un délai de deux ans pour que la négociation aboutisse.