Rencontre ■ Parmi les dernières journées littéraires de l'année 2014, l'Institut Cervantès d'Alger a initié une rencontre autour d'un des écrivains considérés comme les fers de lance de la littérature latino-américaine. Il s'agit de Mario Vargas Llosa. L'ambassadeur d'Espagne et le conseiller de l'ambassadeur du Pérou à Alger, présent à la rencontre, ont mis en exergue tour à tour, la valeur intellectuelle, littéraire et universelle des écrits de Vargas Llosa. L'illustre écrivain a été décrit comme un homme acharné au travail par la profusion de tous les genres littéraires qu'il a publiés. Tout en reconnaissant que Vargas Llosa n'a pas cessé tout au long de sa vie de cultiver ses contrariétés militantes, ses prises de position politique, tout en les assumant et qu'il est attaché viscéralement au Pérou, pays de sa naissance. Ils diront de lui, qu'il reste le renommé porte-parole de la culture hispanique, valorisant autant le Pérou que l'Espagne. Après la projection au cours de laquelle le public a pu revoir l'avis Mario Vargas Llosa autour de la place que tient la langue espagnole aux Etats-Unis d'Amérique. Une langue qui s'assume et étend sa force linguistique à de nombreux Etats des USA, vu le nombre croissant d'émigrés latino-américains et les retombées économiques et politiques engendrées par leur forte présence et les flux migratoires. Tout en reconnaissant que la présence des latino-Américains est de plus en plus forte aux USA, Vargas Llosa a, au cours de l'interview rediffusée pour la circonstance, fait remarquer que plus de 60 millions de personnes d'origine hispanique vivent sur le sol américain, alors que les statistiques officielles du pays d'accueil ne parlent que de 40 millions. La revue en baisse du nombre des latino-Américains par les pouvoirs publics du pays d'accueil fait, selon Vargas Llosa, écho à la crainte des Américains face à une nouvelle force persuasive sur tous les fronts. L'intellectuel reconnaîtra que le «melting pot» n'a pas eu lieu entre les populations venues de l'Amérique du Sud et les autochtones.Le phénomène d'assimilation ne s'est pas réalisé, a-t-il dit, du fait que les communautés hispaniques ont protégé leur langue, leurs traditions et sont restées très unies. D'autre part, elles ont su et continuent de revendiquer les aspects culturels hispaniques de la Floride et de la Californie jusqu'à s'investir dans la restauration de forts ou autres monuments historiques hérités par la présence espagnole sur le continent américain. C'est comme cela, a-t-il expliqué, qu'elles ont su unifier leur identité et préserver leur langage. Ajoutant que c'est une communauté émergente aux USA, qui a dépassé le stade des petits travailleurs émigrés, beaucoup d'entre eux ont atteint un niveau d'instruction appréciable. Ainsi, signale Vargas Llosa, le vote latino-américain est très courtisé par les partis, ce qui provoque une sorte de peur chez les républicains qui ne peuvent plus ignorer ce contexte et sont appelés à composer avec cette catégorie ethnique à part entière. » Leila N. Les autres intervenants, à savoir Djilali Khellas, écrivain et chroniqueur, Assia Baz, éditrice, et Joachim Raoul, journaliste et écrivain espa-gnol, ont, chacun selon l'interprétation de l'œuvre et la vision du personnage, argumenté la complexité de la personnalité de l'écrivain, son œuvre monumentale universelle, couronnée par un prix Nobel en 2010. Ils ont également relevé la parenté littéraire entre Vargas Llosa et les écrivains Faulkner, Sartres et Flaubert à travers les techniques romanesques utilisées par l'auteur hispano-péruvien. Au cours du débat, il a été question des années d'expérience de l'auteur vécues à Barcelone ainsi que ses débuts d'écrivain dans cette ville, sa rigueur dans l'écriture et bien évidemment le génie de l'homme de lettres ayant pris source comme un don miraculeux dès l'âge de cinq ans, âge où il s'est pris de passion pour l'apprentissage de la lecture. Mario Vargas Llosa est né au Pérou en 1936. Avec d'autres écrivains d'Amérique du Sud, notamment avec Julio Cortázar et Gabriel García Márquez, il est considéré comme l'un des grands noms du boom de la littérature latino-américaine des années 1960. Son roman La ville et les chiens, paru en 1963 lui vaut une célébrité retentissante dans le monde. L'œuvre est traduite dans pas moins de 20 langues.