Mario Vargas Llosa fait partie de ces auteurs dont la vie est aussi riche et intéressante que les personnages de fiction qu'ils créent. La rencontre organisée à l'Institut Cervantès, samedi dernier, a permis de découvrir un homme attaché et fidèle à la notion de liberté, et un brillant écrivain couronné en 2010 du Prix Nobel. Le parcours fascinant de l'écrivain Mario Vargas Llosa a été au centre d'une table ronde organisée samedi dernier par (et à) l'Institut Cervantès d'Alger et l'ambassade d'Espagne, en partenariat avec l'ambassade du Pérou en Algérie. Cet événement, marqué par la présence de l'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Alejandro Polanco Mata, du ministre conseiller à l'ambassade du Pérou et d'un nombreux public, a été entamée par la projection vidéo d'une interview de l'auteur de La Maison verte, dans laquelle il évoque la langue espagnole et sa présence aux Etats-Unis (puisqu'il venait de rentrer d'un voyage aux USA) et dans le monde, mais aussi la traduction et la transformation de la langue. Place ensuite à la table ronde durant laquelle la modératrice, Asia Baz, directrice des éditions Quipos, a relevé que le parcours du lauréat du Prix Cervantès en 1994 est un "parcours atypique dans tous ses rebondissements politiques et littéraires, et surtout riche par rapport à toutes les contradictions dans sa vie", tout en mettant en lumière sa relation "fusionnelle" avec la littérature et ses positions (et convictions) très claires, notamment à travers des citations. Pour Joaquín Pérez Azaústre, écrivain et chroniqueur, la véritable nationalité de Vargas Llosa, "écrivain extraordinaire, journaliste consciencieux et homme de théâtre", est "sa langue, la langue espagnole". L'écrivain et chroniqueur a également mis l'accent sur "l'envie de tout faire, de toucher à tout" du lauréat du Prix Nobel en 2010, et sa "curiosité qui émerge dans toute son œuvre". Durant son édifiant exposé, il évoquera en outre les années qu'a passées Vargas Llosa en France et son rapport à Barcelone, qui est, selon le conférencier, "la ville qui a fait que Vargas Llosa ce qu'il est", en rappelant notamment sa rencontre avec un agent littéraire, qui lui a offert la possibilité de devenir écrivain à plein temps. Joaquín Pérez Azaústre soulignera "la rigueur" de l'auteur de La Ville et les Chiens : "A mon avis, c'est un écrivain qui a fait de la rigueur, du travail une pierre angulaire de sa vie." "On le comparait à Gustave Flaubert. Il est certes un écrivain de son temps, mais il avait quelque chose des grands écrivains", constatera-t-il. L'orateur a fait remarquer que Vargas Llosa, influencé dans la première étape de sa vie par Faulkner et Flaubert, "ne cache pas son idéologie", d'abord communiste puis se transformant au libéralisme : "C'est un écrivain politique." Grand "Cervantin" pour Azaústre, Vargas Llosa "a été fidèle durant toute sa vie à la notion de liberté". Enfin, la binationalité de l'écrivain a également été évoquée lors de cette rencontre, et pour Azaústre, Vargas Llosa est "péruvien et espagnol". La nationalité n'est pas un problème, ni pour Vargas Llosa, ni pour ses lecteurs, ni pour les présents à la rencontre organisée en son honneur à Alger, car ce qu'il y a d'intéressant chez un auteur c'est sa langue, une langue qu'il travaille, qu'il manipule et transforme, une langue qui fait de lui un Ecrivain. S K