Retour n Profitant de la vacance d'un pouvoir qui l'a exilé, Ghenouchi leader du parti islamiste tunisien Ennahda, rentre au pays et bat le rappel de ses troupes. C'est connu, les puissances étrangères n'ont pas d'amis mais seulement des intérêts. Ils n'agissent et n'opèrent que dans la mesure où leurs intérêts vitaux sont en jeu ou menacés, le reste n'est que littérature et beaux discours pour la consommation extérieure. Prenons l'exemple de la Tunisie. Pendant très longtemps on a cru que la France soutenait mordicus le président Ben Ali dont elle pensait qu'il était capable de faire barrage aux islamistes. Tous les pouvoirs, qu'ils soient de droite ou de gauche qui se sont succédés à l'Elysée ont dû fermer les yeux sur ses abus, son enrichissement illicite et l'absence totale des droits de l'Homme dans un pays qu'il dirigeait comme un calife sur son trône. Les conseillers politiques du Quai d'Orsay étaient unanimes : Ben Ali était l'homme de la situation et ne se laissera jamais déborder par les fondamentalistes. Le coup de semonce de Sidi-Bouzid et les émeutes populaires qui ont envahi Tunis et toutes les grandes villes du pays ont littéralement surpris Paris qui n'a rien vu venir. Au point que Alliot Marie, la ministre de l'Intérieur de l'époque proposa au Parlement l'envoi de policiers munis de triques pour aider Ben Ali à mater la protesta. Mal lui en prit, car elle ignorait la profondeur du mal qui rongeait le pays. Elle le paiera de son poste puisqu'il lui sera reproché, entres autres, d'entretenir à titre privé des relations d'affaires avec des hommes très proches des centres du pouvoir tunisien. Dans la même foulée l'ambassadeur français à Tunis sera révoqué par le président Sarkozy lui même. Profitant de la vacance d'un pouvoir qui l'a exilé, Ghenouchi leader du parti islamiste tunisien Ennahda, rentre au pays et bat le rappel de ses troupes. Son parti gérera pendant 17 mois la Tunisie, sans aucune expérience et avec beaucoup de maladresses en direction des fidèles qui ne se retrouvaient plus dans un islam très peu tolérant et auquel ils n'étaient pas habitués. Ni les sirènes des «amis» de la Tunisie comme Bertrant Delanoé, ni leurs meetings de soutien à Paris et en banlieue, ni les préoccupations de l'Elysée très attentif à tout ce qui se passait dans ce pays pratiquement en mode veille n'auront la peau d'Ennahda. Seules les urnes (les Tunisiens l'ont prouvé) ont réussi à chasser les islamistes par une transition démocratique savamment calculée. C'est la preuve irrécusable que lorsqu'une puissance ne brouille pas les cartes et évite de se mêler directement des affaires intérieures d'un pays tierce, tout est possible et tous les miracles sont possibles. L'exemple tunisien en est la preuve éclatante. Paris peut souffler.