Il semble que le scénario du Fis en algérien est en train de se reproduire en Tunisie et en Libye, et la large avancée des islamistes d'Ennadha aux premières élections libres en Tunisie dimanche et l'instauration de la charia en Libye inquiètent plus la sécurité en Algérie que les Occidentaux. Une consultation électorale, qui vient de déboucher sur une victoire indiscutable des islamistes et la fin des dictatures du monde arabe risque d'installer l'islamisme politique au pouvoir. Chacun voit bien le danger que peut représenter un groupe parlementaire islamiste tout-puissant en Tunisie, même si les responsables d'Ennahda ont pris soin de se désolidariser des récentes exactions de mouvements islamistes, comme les salafistes mais tout porte à croire que le printemps arabe n'a été que le prélude d'un automne islamiste et les résultats des consultations de dimanche est un coup de semonce, car le temps pourrait fort se gâter. Les observateurs se demandent si Nicolas Sarkozy et David Cameron ont été assez naïfs pour croire qu'une démocratie allait naître à partir de largage des bombes alliées sur les troupes kadhafistes? Trop tard, pour les Occidentaux, car la démocratie naissante dans les deux pays est comme l'arbre qui cache la forêt islamique, car aveuglés par la manne pétrolière à récupérer, ni Paris, ni Londres, ni Washington n'ont vraiment réfléchi sérieusement à l'après-Kadhafi. ENNAHDA DE TUNIS L'AUTRE VISAGE DU FIS Comme en Tunisie aujourd'hui, les Algériens ont vu avec surprise la multiplication de partis politiques dont le nombre dépassa rapidement la soixantaine, et l'on sait comment s'est terminé le printemps algérien, avec l'arrivée des islamistes, car la transition avait échoué du fait de la victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections législatives du 26 décembre 1991. Il est tout de même une ressemblance entre les transitions algériennes et tunisiennes. Certes, Ennahda, le parti islamiste tunisien, adopte un langage bien moins guerrier et radical que l'ex-FIS algérien. En Algérie, le FIS tout comme Ennahda avait su capitaliser les voix mais ce n'était qu'un tour de passe-passe. Un schéma identique est entrain de se produire pour les Tunisiens et les libyens, surtout que les islamistes tunisiens avant le scrutin, avaient multiplié les manifestations de force, à l'image de la prière collective organisée avenue Bourguiba à Tunis ily a déjà comme un air de déjà vu en Algérie. Ennahda en Tunisie, le CNT en Libye des forces avec qui il faut compter et qui s'affichent avec détermination , même si le parti de RachedGhannouchi revendique un islamisme modéré, Quant aux Islamistes libyens, ces derniers affichent clairement leurs intentions et le président de transition a fait savoir La loi du pays sera la chariâa. LES FRONTIERES ALGERO-LIBYENNE, UN SOUK D'ARMEMENT A CIEL OUVERT L'Algérie risque d'avoir à ses frontières, deux pays dirigés par des islamistes, ce qui inquiète Alger du fait que certaines personnalités islamiques déchus sont de retour espérant se positionnés sur l'échiquier politique en attendant les réformes politiques à venir. El HachemiSahnouni, Anouar Haddam, ont déjà annoncé leur retour en Algérie après un long exil à l'étranger et pourraient faire jonction avec ces nouveaux régimes islamistes qui sont à nos frontières et les inciter à déstabiliser le Pays surtout que le courant passe mal entre l'Algérie et le voisin Libyen, du fait que la région est devenue un Souk d'armement , avec la circulation des armes ce qui est une aubaine pour les fondamentalistesreligieux, que nous retrouvons un peu partout dans cette région, Aussi, Al-Qaida ayant échoué au Maghreb, pourrait y prendre corps avec les islamistes au pouvoir, ce qui rend la situation encore plus préoccupante, et comme le reconnaissent les analystes dans le domaine, la connexion opérationnelle de ces réseaux et groupes terroristes, est devenue réalité En effet, à ce stade des choses, toutes les menaces d'insécurités s'entremêlent aux portes des frontières algériennes d'où la recrudescence de la criminalité et du terrorisme qui se nourrissent l'un à l'autre au sein d'une alliance qui pourrait faire de ces frontières avec l'Algérie, un des principaux sanctuaires d'un terrorisme nouveau. DEUX DISCOURS POLITIQUES, UN MEME OBJECTIF Ennahda en Tunisie, le CNT en Libye, les deux nouvelles forces qui s'imposent dans ces deux pays affichent leur islamo conservatisme. En Tunisie, le parti de RachedGhannouchi revendique un islamisme modéré et assure qu'il n'entend pas revenir sur les grands acquis que sont les droits des femmes et les libertés individuelles.En Libye, les leaders du CNT commencent à révéler le modèle de société qu'ils entendent construire dans le pays libéré de son tyran. Dans un discours prononcé hier dimanche, le président du conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, a affirmé que la future loi du pays sera basée sur la chariâa. S'il est revenu sur la question de la polygamie après les inquiétudes exprimées par plusieurs pays Occidentaux, l'interdiction de l'alcool et l'inégalité des hommes et des femmes sont toujours évoquées. Ainsi, d'ici quelques mois, l'Algérie risque d'avoir à ses frontières Est deux pays dirigés par des gouvernements en majorité composés d'islamistes. Cette situation ne manquera pas d'avoir des répercussions en Algérie, où plusieurs courants et personnalités islamistes sont déjà en train de se positionner dans l'attente de la mise en place des réformes politiques annoncées par le président de la République et actuellement discutées au Parlement. Certains anciens leaders du FIS ont même fait leur retour sur la scène politique et médiatique ces derniers mois, comme par exemple El HachemiSahnouni qui fustige la consommation d'alcool et mène une médiation pour la libération de détenus politiques, ou encore Anouar Haddam qui annonce son retour en Algérie après un exil de dix ans aux Etats-Unis. Ces victoires des courants islamistes chez nos voisins pourraient les inciter à être encore plus actifs.D'autant que les islamistes algériens pourraient compter sur le soutien ou la bienveillance de leurs homologues tunisiens et libyens. En effet, le CNT a déjà des relations étroites avec les leaders de l'ex FIS. Ainsi, Abassi Madani a rencontré à plusieurs reprises des responsables du CNT au Qatar où il vit en exil. Régulièrement, l'émir du Qatar réunit autour de lui l'ancien chef du FIS avec d'autres responsables islamistes, dont des dirigeants actuels du CNT. Ce n'est pas un hasard si Abassi Madani a réclamé très tôt la reconnaissance du CNT par l'Algérie.