Résumé de la 88e partie ■ Claire se confie au prêtre et lui avoue pourquoi elle a tué le poissonnier... Laissez-moi réfléchir... Entrer dans un couvent ? Vous n'en êtes plus digne. Il vaudrait mieux que vous employiez votre temps à soigner des malades et des déshérités. Mais quels malades, et quels déshérités ? Après un nouveau moment de réflexion silencieuse, il avait repris : — Il me vient une idée qui risque de vous paraître insensée, mais après tout... Puisque le Seigneur a voulu que vous échappiez à la justice des hommes, pourquoi ne vous pencheriez-vous pas sur le sort des femmes qui n'ont pas eu votre chance et qui, elles, subissent de lourdes peines de réclusion... sans parler de leur souffrance morale et de leur solitude ? Autrement dit, pourquoi ne deviendriez-vous pas visiteuse de prison ? — Je crois que vous avez raison, monsieur le curé. Je suis prête à faire ce que vous me conseillez. Un jour, j'étais allée voir une de mes camarades prostituées qui était emprisonnée aux Baumettes. Elle m'avait expliqué qu'elle recevait une de ces visiteuses dont vous me parlez et elle me disait que ça lui faisait un bien immense ! — Vous allez devenir l'une d'entre elles, mais pas dans cette région ! Ce ne sont pas, hélas, les prisons qui manquent... Je vais me renseigner sur les démarches à effectuer. — Mais pensez-vous que j'aie quelque chance, avec mon passé ? — Qui connaît votre passé ? Personne ! Pas même moi, qui l'ai déjà oublié ! Occupons-nous plutôt de ce qui va être maintenant votre avenir. Je vais en parler à mon évêque. Vous avez déjà en faveur de votre candidature deux atouts importants. D'abord, vous êtes légalement veuve. Cela attire le respect. De plus, vous n'avez pas d'enfants, ce qui veut dire que vous pourrez vous consacrer entièrement à votre tâche charitable. Il reste le problème de l'argent. Car évidemment vous ne serez pas payée... — En plus de cette maison, ma tante m'a légué un petit capital. Je pense que cela peut me suffire pour vivre. — Voilà qui est parfait ! Quand nous serons fixés sur la ville où vous serez appelée, nous chercherons à vous loger dans un institut ou une maison de retraite tenue par des religieuses. Je pense que là aussi mon évêque sera d'accord pour appuyer votre démarche. Je suis sûr que nous allons aboutir. Dieu nous aidera. — Si vous saviez comme je vous suis reconnaissante de tout ce que vous faites pour moi ! — C'est vers le Seigneur que doit aller votre reconnaissance, mon enfant. Maintenant que nous nous sommes dit l'essentiel, je n'ai plus qu'à m'en aller. Dans l'attente de mes nouvelles, continuez à vivre en paix ici. Au revoir, ma chère Claire. — A bientôt, j'espère, monsieur le curé. Le prêtre avait regagné, le cœur léger, sa petite paroisse du Rabion. A suivre