Clôture ■ La 5e édition du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé (FICA) a pris fin jeudi soir à la salle El-Mougar. La cérémonie de clôture a été marquée par des hommages et l'annonce des lauréats. C'était un grand moment d'émotion. Dans la catégorie Fiction, le jury, présidé par Djamel Bendeddouche, a attribué le prix Public à Comme le vent, de l'Italien Marco Simon Puccioni, les jurys ont remis deux mentions : la première est revenue au film Les sœurs Quispe, du Chilien Sebastian Sepulveda, et la seconde est allée à Loubia Hamra, de l'Algérienne Narimane Mari Benamar. La Femme du ferrailleur, du Bosniaque Denis Tanovic, a eu le prix spécial du Jury, et enfin, Gabrielle, de la Canadienne Louise Archambault, a remporté le Grand Prix. Dans la catégorie Documentaires, le jury, présidé par Mohamed Chérif Bega, a attribué le prix du Public à Mercedes Sosa, la voix de l'Amérique latine, du réalisateur argentin Rodrigo. H Vila, une mention spécial est re-venue au film H'na Barra, de Bahia Bencheikh El Fagoun et Meriem Achour Bouakaz (Algérie). Quant au prix spécial du Jury, il a été décerné à Concerning Violence, du réalisateur suédois Göran Hugo Olsson, tandis que Examen d'Etat, du Congolais Dieudo Hamadi, il a remporté le Grand Prix. Avant l'annonce du palmarès, les membres des jurys des deux catégories du 5e Festival international du cinéma d'Alger, représentés par le réalisateur vietnamien, Lam-Lê Nicolas, ont rendu publique une déclaration commune, dans laquelle ils ont condamné les menaces de mort dont a fait l'objet récemment l'écrivain Kamel Daoud par des extrémistes religieux, tout en tenant à exprimer leur solidarité avec les Algériens dans leur combat pour «la liberté et la tolérance». Ce genre d'agissements représente aux yeux des cinéastes qui ont signé cette déclaration, «de graves dérives et une atteinte claire aux libertés fondamentales et à la liberté de création si chère au cinéma et au monde des arts». Dans ce sens, les si-gnataires ont exprimé leur «engagement inconditionnel à la défense des libertés et à la consécration de la liberté d'expression et de création pour les artistes et pour la société civile algérienne». Lors de la cérémonie de clôture, des hommages ont été rendus à quatre personnalités du monde du 7e art. Ainsi, une pensée a été dédiée à la mémoire du regretté cinéaste Malik Bendjelloul, qui, disparu prématurément en mai 2014, a été découvert par le public algérien lors du 4e FICA à travers son magnifique film documentaire Sugar man. Avec ce film, ce réalisateur de père algérien et de mère suédoise, a obtenu plusieurs consécrations, dont l'Oscar du meilleur documentaire, en 2013, et a connu un succès mondial. Un autre hommage a été aussi rendu au cinéaste et écrivain, Abderrezak Hellal, intellectuel de la caméra, décédé le 22 juin 2014 à l'âge de 61 ans des suites d'une crise cardiaque. Il était acteur, réalisateur et écrivain. Le public retiendra indubitablement des chefs- d'œuvre comme Aïssa Djermouni, Messaoud Benzelmat. Parmi ses livres, citons 1830, place de la Régence et son excellent essai sur l'histoire du cinéma, Le refus d'une mise en images. Yacine Idjer Un troisième hommage a été également rendu à Malik Aït Aoudia, réalisateur s'illustrant principalement dans le documentaire. Une pensée particulière a été donc exprimée pour ce réa-lisateur qui, pour rappel, a pris part au 4e FICA avec son excellent film Le martyre des sept moines de Tibhirine, avec lequel il a obtenu le prix du public et qui, aujourd'hui, combat courageusement la maladie. Enfin, le quatrième hommage a été rendu à Stevan Labudovic, photographe personnel du Président de l'ex-Yougoslavie, Tito, qui fut un grand militant de la lutte de libération nationale algérienne, mobilisant sa caméra et son savoir-faire au service de la cause algérienne. Il avait rejoint les maquis algériens pour filmer une guerre qui était sans images. Stevan Labudovic et d'autres réalisateurs, «cinéastes de la liberté », ont réussi à donner une voix et une image au peuple algérien en lutte pour son indépendance. Présent à cette cérémonie, Stevan Labudovic a déclaré en pleurs : «Je suis très heureux d'être parmi vous et partager ce moment», dénonçant également la cruauté de la guerre en rappelant «le prix fort de la liberté». Vladimir Tomcic, directeur de la maison de production et des actualités Yougoslaves, Filmske Novosti (qui fête son 60e anniversaire cette année), a rendu hommage au FICA en lui offrant un trophée. L'autre cadeau de Filmske Novosti ce sont des images inédites de la guerre de Libération nationale qui ont été projetées lors de cette cérémonie de clôture. Y. I.