Le photographe et cameraman serbe, Stevan Labudovic, qui a fait sienne la cause algérienne pour l'indépendance, était ému aux larmes lors de l'hommage que le FICA lui a consacré. Un grand moment d'émotion. L'autre moment fort de cette cérémonie a été le texte du jury des deux sections (Fiction et Documentaire), dans lequel il a exprimé sa solidarité avec les Algériens et Kamel Daoud, suite à la fatwa contre l'écrivain et chroniqueur. C'est un moment d'une grande émotion qu'a vécu le public de la salle El-Mouggar, jeudi soir, lors de la cérémonie de clôture de la 5e édition du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé (FICA). Stevan Labudovic, un des "cinéastes de la liberté" qui ont rejoint les maquis pour donner des images à la guerre de Libération nationale, était ému aux larmes en montant sur scène pour recevoir son trophée des mains du réalisateur Ahmed Rachedi : une standing-ovation côté public, un "Tahya El-Djazaïr" scandé par Labudovic, un témoignage de reconnaissance de la part de Rachedi qui a rappelé que le photographe personnel du président Tito a tout quitté, tout laissé tomber pour "venir faire les premières images de la guerre de Libération nationale". Vladimir Tomcic, directeur de la maison de production et des actualités yougoslaves, Filmske Tovosti (qui fête son 60e anniversaire), a rendu, pour sa part, hommage au FICA, en lui offrant un trophée, mais aussi un précieux cadeau : des images inédites de la Révolution algérienne, qui ont été projetées lors de cette soirée. Le FICA a également rendu hommage au réalisateur Malik Bendjelloul, disparu en mai 2014, et dont le film Sugar man avait été présenté et primé lors de l'édition 2013. Le cinéaste et auteur Abderrezak Hellal, disparu en juin 2014, a été honoré par le Festival, ainsi que Malik Aït Aoudia, qui se bat contre la maladie. L'autre moment d'émotion a été la lecture, par Lam-Lê Nicolas (membre du jury, désigné comme porte-parole), d'une déclaration commune signée par le jury des deux sections (Fiction et Documentaire), dans laquelle ils ont tenu à témoigner leur "solidarité" avec les Algériens et l'écrivain et chroniqueur Kamel Daoud, qui a fait l'objet d'une fatwa qui appelle à son meurtre. Les dix membres estiment, dans leur texte, que "devant la recrudescence des atteintes à la liberté d'expression de la société civile algérienne, notamment à l'encontre de la vie de l'écrivain Kamel Daoud et pour que le mot engagé ne reste pas un vain mot mais une réalité en soi, nous, les dix membres du jury, nous tenons à exprimer nos solidarités avec nos camarades algériens et leur combat pour l'égalité, la liberté et la tolérance", pour que "vivre et créer dans la paix et dans la joie soient les valeurs fondamentales d'une société moderne et progressiste". Place ensuite au palmarès. Le président du jury Documentaire, Mohamed Chérif Bega, a salué "le courage et la liberté des créateurs", avant d'attribuer le Grand prix FICA du Documentaire à Examen d'Etat de Dieudo Hamadi (République démocratique du Congo). Un film touchant qui suit le parcours de lycéens qui s'apprêtent à passer l'examen d'Etat, l'équivalent du baccalauréat, des salles de cours jusqu'à la préparation de l'épreuve qui changera leur existence. Dans la section Fiction, c'est le long métrage Gabrielle de Louise Archambault (Canada) qui a reçu le Grand Prix. Pour sa part, la commissaire du Festival, Zehira Yahi, a estimé, dans son discours de clôture, que la 5e édition "a tenu ses promesses. Elle en a même apporté de nouvelles en confirmant l'intérêt et la passion des professionnels ainsi que des publics pour le film engagé". Mme Yahi soulignera également que "nous sommes convaincus que l'esthétique devient encore plus belle quand elle porte des éthiques". Les seize films projetés lors de cette édition ont justement confirmé cette dernière phrase et ont démontré que l'engagement est une notion qui n'est aucunement dépassée dans le cinéma, mais plutôt reformulée continuellement par des créateurs qui s'indignent dans un monde où rien ne va. S. K. PALMARÈS Documentaire * Prix du public : Mercedes Sosa, la voix de l'Amérique latine * de Rodrigo H. Vila. * Mention spéciale : H'na Barra de Bahia Bencheikh-El Fegoun et Meriem Achour Bouakkaz. * Prix Spécial du jury : Concerning Violence de Göran Hugo Olsson. * Grand Prix : Examen d'Etat de Dieudo Hamadi. Fiction * Prix du public : Comme le vent de Marco Simon Puccioni. * Mentions spéciales : Les Sœurs Quispe de Sebastian Sepulveda ; les enfants dans Loubia Hamra de Narimane Mari. * Prix Spécial du jury : La Femme du ferrailleur de Danis Tanovic. * Grand Prix : Gabrielle de Louise Archambault.