Résumé de la 4e partie ■ Honoré Duval raconte au commissaire et avec tous les détails, l'histoire de sa soi-disant mort... Honoré Duval marque un temps. Son récit l'émeut lui-même. — Ah, monsieur le commissaire, vous ne pouvez pas savoir comme c'est bouleversant de voir combien les gens vous aiment ! Je m'étais couché sur le lit. Je dois dire que j'étais drôlement impressionnant. Je m'étais enduit le visage et les mains de permanganate : j'étais tout vert... «Je n'oublierai jamais mon père, ma mère, toute la famille, les amis, les cris déchirants qu'ils poussaient, toutes les gentillesses qu'ils disaient sur moi. Je crois que c'est le moment qui a été le plus difficile pour moi. J'étais tellement ému que j'avais envie de me relever, de leur dire que ce n'était pas vrai. J'avais honte de leur infliger une douleur pareille. Mais j'ai pensé aux quatre millions et je n'ai pas bougé. Honoré reprend son ton enjoué. Visiblement, la suite des événements le ravit au plus haut point. — Là où on a eu peur, Bernadette et moi, c'est au moment de la mise en bière. Un peu avant l'arrivée des croques-morts, elle a congédié la famille. On a mis un sac de sable dans le cercueil et je me suis caché dans une armoire. Quand les employés des pompes funèbres sont venus, ma femme leur a dit qu'elle ne pouvait plus supporter de voir mon corps et que la famille l'avait aidée à me mettre en bière. Ils n'ont pas eu l'air surpris. «Et ensuite, ça a été l'apothéose : mon enterrement. Le cortège est parti de la villa. Toute la famille a suivi le corbillard à pied, en noir, malgré la chaleur. Bernadette a été admirable. Au départ, elle a fait semblant de se trouver mal. il a fallu la soutenir pour la suite du parcours. Moi, je suivais tout cela de ma fenêtre à travers les rideaux. Je vous assure que cela fait une drôle d'impression d'assister à son propre enterrement ! Et Honoré Duval termine son récit. — Après, il y a eu l'enquête, bien entendu. La compagnie d'assurances a envoyé un détective. Vous auriez vu comment Bernadette lui a joué la comédie ! Jétais dans la pièce à côté et pour rien au monde je n'aurais voulu perdre un mot de l'entretien. «La compagnie n'a pas fait de difficulté pour payer. Bernadette était déjà partie pour la Suisse. Moi, j'avais décidé de rester encore un peu avant de la rejoindre. Et avant de partir je me suis offert un dernier plaisir: je suis allé fleurir ma tombe. Les millions, je les ai oubliés, mais ce moment-là, je m'en souviendrai toute ma vie... Le tribunal, malgré tout, a été peu sensible au côté pittoresque de la chose. Outre le remboursement des quatre millions, Honoré Duval a été condamné à une forte amende et Bernadette et lui se sont vu infliger une peine de deux ans de prison. Car, en fin de compte, jouer avec sa propre mort, cela ne mérite pas d'indulgence et ce n'est pas drôle du tout.