Débat ■ En matière d'éducation artistique au sein de l'école algérienne, définie dans nos établissements du primaire et du moyen par un cours de dessin ou de musique d'une heure par semaine , selon le choix de l'élève, ce n'est pas ce qu'on peut appeler encourageant. Une matière dispensée une fois par semaine accompagnée hebdomadairement d'une séance «nachate» ou activité culturelle, c'est dire que le programme scolaire en matière d'apprentissage artistique est nul ou du moins pauvre. A cet égard, Anzyb Gibabvllin, directeur de théâtre dans la ville de Saint Pétersbourg, en Russie, invité par l'école Artissimo d'Alger, lors de sa conférence sur les apports de l'enseignement artistique chez l'enfant, a indiqué qu'au niveau du système éducatif, il faudrait que l'art ne soit plus compris comme une des matières du programme éducationnel, mais considéré comme «de la matière». C'est-à-dire un domaine d'expression créative à part entière. Il a ajouté en substance que l'enseignement artistique au sein des institutions scolaires doit s'appliquer à dispenser toutes les connaissances en matière d'art. Il ira jusqu'à interpeller les instituteurs et professeurs de musique, de dessin ou de peinture devant être «des professeurs érudits», à partager leur passion avec l'élève et susciter de l'engouement ainsi que la naissance du talent. Le fait est que, certains professeurs de musique ou de dessin se dirigent vers l'enseignement pour assurer un salaire et une retraite. Force est de constater que l'abandon massif des bancs de l'école, l'illettrisme, font que la ligne directrice de l'éducation nationale pour le moment est de trouver la voie qui consisterait à sortir de l'ornière le système éducatif et de donner à l'enfant une base moyenne d'instruction. C'est malheureux, mais cela reste une vérité en Algérie, l'éducation artistique, pour la grande majorité des parents, vient en deuxième position, ou est tout simplement dédaignée. Ces derniers misent, à travers les cours de soutien ou une scolarisation de leur progéniture dans les écoles privées, quitte à se saigner, sur ce qui est pour eux une valeur sûre, les diplômes universitaires. Ce qui n'est pas un critère en soi pour trouver «un job». Mais là est une autre question. Pour revenir à l'enseignement artistique de l'enfant dès la première année de sa scolarisation, il est indé-niable que cela le soutiendra à développer le sens de la créativité et de l'invention. Pour peu que l'enfant ait reçu un don de créativité naturel, les leçons dispensées à l'école soutiendront son esprit créateur et ses aptitudes personnelles pour le pousser à, pourquoi pas, embrasser le monde des arts par le biais de la musique, l'art dramatique ou la danse. Faisant appel à ses propres acquis et ses années d'activité, Anzyb Gibabvllin orientera sa réflexion en premier sur l'éveil des aptitudes artistiques de l'enfant dans les différentes disciplines et sur l'implication des parents à encourager cet éveil dès le plus jeune âge. De même qu'il a interpellé également les familles ayant investi dans l'enseignement artistique privé pour leur enfant, à ce qu'ils fassent preuve de fermeté au cours du cursus scolaire artistique afin de favoriser l'épanouissement et assurer leur carrière future. Mettant l'accent sur le travail et l'assiduité, force indéniable pour l'apprenant face aux défis à développer ses compétences ainsi que son potentiel artistique, Anzyb Gibabvllin dira : «À Saint-Pétersbourg, les élèves fréquentent l'école d'art quatre fois par semaine, avec des séances de trois heures. Il faut qu'en Algérie, les cours d'art passent de deux à quatre fois par semaine pour espérer un meilleur développement du don artistique de l'enfant.» Il est certain que le directeur de théâtre pétersbourgeois fait allusion aux établissements privés et spécialisés en Algérie. Le conférencier ira jusqu'à faire l'éloge des écoles privées en ces termes : «Les écoles d'art privées apprennent l'enthousiasme de l'art, et les objectifs lucratifs ne sont pas de leurs premières priorités.» Leila N. S'agissant de discipline, nous ne pouvons contredire l'orateur, mais de là à déclarer que «les objectifs lucratifs ne sont pas de leurs priorités... », il ya beaucoup à écrire à ce sujet. Quant à l'âge approprié pour développer le sens artistique, il évoquera la période de la première enfance avant la dixième année. Enfin, Anzyb Gibabvllin a relevé un point essentiel, en affirmant que les enfants scola-risés dans des établissements artistiques ne présentent pas un caractère belliqueux. Il est connu que l'enseignement de toute discipline artistique exige de l'endurance, l'assiduité, l'action positive et la ténacité. Tout cela en rapport avec une méthode de travail en relation avec l'esprit, le corps et...le plaisir. Beaucoup de performance et d'exigences de soi qui ne laissent pas de place à l'agressivité. Par conséquent, un programme d'enseignement artistique est nécessaire dans nos écoles publiques dès le primaire. Les mesures de lutte, notamment contre l'échec scolaire, la violence à l'école, l'absentéisme faisant l'objet de concertation au niveau de la tutelle, doivent composer avec cette matière pédagogique artistique. Un apprentissage éducatif et un investissement dirigé vers l'écolier d'aujourd'hui et pour l'homme de demain.