Sacrifice ■ Le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a déclaré que le nouveau gouvernement était prêt à «verser son sang» pour «rétablir la dignité des Grecs». «Parmi nos priorités, figure une nouvelle renégociation avec nos partenaires pour trouver une solution juste, viable et mutuellement utile», qui n'aboutisse pas à «une rupture désastreuse réciproque», a indiqué par ailleurs le nouveau dirigeant grec, issu du parti de la gauche radicale, Syriza, en introduction au premier Conseil des ministres, aujourd'hui, à Athènes. Le gouvernement, qui compte 13 ministres au lieu de 19 précédemment, s'est réuni dans les locaux du Parlement. M. Tsipras pourrait annoncer une réduction des privatisations en cours -celle du port du Pirée serait déjà dans la balance- et des mesures concrètes pour améliorer le bien-être des Grecs, épuisés par six ans de récession, un taux de chômage de 25% et des mesures de restrictions de toutes sortes, notamment salariales. Le gouvernement a l'intention de faire adopter très vite une loi rehaussant de 580 à 751 euros le salaire minimum, de laisser des facilités de paiement à ceux qui ne peuvent payer leurs arriérés d'impôts, d'accorder l'électricité gratuite et des bons d'alimentation aux plus démunis et d'en finir avec l'obligation de «mobilité et d'évaluation» dans les services publics, largement imposée par les créanciers du pays, la fameuse troïka (UE, BCE, FMI). Autant de mesures qui s'éloignent des préconisations de la troïka, avant même que le gouvernement n'évoque le grand point de confrontation avec l'UE : son exigence de réduction par les créanciers de l'énorme dette grecque. Le très médiatique nouveau responsable des Finances, Yanis Varoufakis, critique virulent des politiques d'austérité, aura besoin de toute sa force de persuasion pour aller renégocier la dette à Bruxelles. «Les renégociations ont presque commencé, on n'a qu'à se retrousser les manches et commencer à travailler», a lancé aux journalistes M. Varoufakis, qui s'était entretenu avant-hier avec le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Celui-ci doit faire le déplacement à Athènes vendredi prochain pour rencontrer le Premier ministre. Mais après les salutations d'usage, les sujets de confrontation ne manqueront pas : l'UE a fixé à la Grèce la limite de fin février pour accomplir certaines réformes nécessaires au déblocage d'environ sept milliards d'euros d'aide, et M. Tsipras a déjà fait comprendre que ce genre d'ultimatum n'était pas à son goût. L'Europe était dans l'attente des premières déclarations économiques du nouveau gouvernement grec, avant les premières visites de dignitaires de l'UE programmées à Athènes. Hier soir, le commissaire européen, Pierre Moscovici, a exclu toute rupture à venir avec la Grèce : «La Commission aide et veut continuer à aider la Grèce. Il n'est pas question que, de ce point de vue-là, il y ait une rupture».